N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? »
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? »
Oui c’est dans le Cid, mais cette version du Menteur en a
inclus un morceau parlant aux générations qui se voient plutôt en Géronte qu’en
jeune premier. Le personnage du père est d’ailleurs celui que je préfère, en mal de
petits enfants, il est le seul à ne pas mentir.
Une fois passé le moment du plaisir d’entendre une
belle langue alors qu’elle arrive à nous paraître éloignée, j’ai renoncé à
suivre attentivement les imbroglios de la comédie pour laquelle la metteure en
scène a fabriqué quelques ajouts supplémentaires, pensant donner un peu de
vigueur féministe aux propos :
«- Je ne veux
être ni la fille d’un père, ni la composition florale d’un mari. Nous sommes
les arguments d’un drame masculin depuis trop longtemps. Je veux être moi-même,
pour moi-même, en moi-même, avec quelqu’un. Et je ne m’offrirai pas dans cette
robe trop serrée »,
- Tu
transgresses ? Dis donc ! Il faut parler en vers. »
Les acteurs sont plaisants, les décors en miroirs mobiles
sont signifiants, des bris de verre en coulisse bienvenus, les costumes plus
discutables à mon avis. Mais il serait trop facile d’insister sur des baskets surlignant
qu’il s’agit d’une pièce du XVII° au « pays
du beau monde et des galanteries », et que nous sommes - ah bon ! - au
XXI°.
Question menteur et menterie, il est facile de se poser
comme échappant aux « vérités alternatives » de notre époque. Dans
notre vie personnelle, pensant éviter l’exil au fond des bois, nous nous
mentons à nous-mêmes et faisons le plus souvent silence à défaut d’avoir le
talent et l’imagination permettant d’agencer farces et attrapes.
Nos tartufferies se retrouvent plus facilement chez Molière
qui me semble plus tragique que chez ce Dorante menteur par jeu et par essence.
Oui, Molière est le génie qui a le plus vu tous les avantages, et les formidables inconvénients de l'"esprit français". Ce naufrage dans l'introspection nombriliste qui scrute les selles et les humeurs ad nauseum. (Bon... je ne suis pas très tendre, là, mais je ne me sens pas très tendre en ce moment.)
RépondreSupprimerAvec ta critique, je suis contente d'y avoir échappé. Tu peux même prévoir d'avance ce que j'en pense, d'après ta description.
Les petits apartés "féministes"... je les ai déjà beaucoup entendus, (formulés d'ailleurs avec beaucoup plus d'esprit et de talent, par mon passé, du moins), et cela ne m'émeut pas du tout, et titille même pas un quelconque besoin de... nouveauté...
Je retourne à mon grand ménage. C'est le jour du Seigneur, et on n'est jamais si près de Lui qu'en faisant son ménage. Sur les genoux, de préférence.