C’est en flânant que nous nous dirigeons vers la deuxième
visite de notre programme la Ca
Rezzonico.
Au hasard nous pénétrons par un grand hall à pilier de pierre
dans l’Ospedale San Giovanni e Paolo, mais c’est un hôpital, pas un musée.
Nous
tombons également sur le muséo della
musica hébergé dans la Chiesa di San Maurizio : « Antonio Vivaldi e
il suo tempo ».
Violons, violoncelles ou viole de gambe, contrebasse et
double basse, hautbois et toutes jeunes clarinettes, mandolines, guitares,
luth, cithare, épinette et clavecin, vielle à roue,tous les instruments sont répartis soit sous vitrines soit comme les deux contrebasses près de l’épinette exposées en majesté dans le chœur,
dans une ambiance musicale : « la leçon de piano » de Michael Nyman.
Dans les ruelles étroites en direction du
pont de l’Académie, nous faisons du lèche-vitrines et attirés par des galeries
d’art contemporain nous franchissons le seuil de deux magasins presque face à
face. Dans le premier des grands fauteuils de velours colorés prennent des
formes inhabituelles et carnavalesques, très adaptées à l’imagerie,
l’imaginaire, de Venise.
Dans le second, des bustes de baigneuses reposant leur
tête sur des ballons répondent au style hyper réaliste : de légères gouttes
d’eau perlent encore sur leur peau.
Des lumières judicieusement placées
projettent l’ombre de silhouettes grillagées sur les murs. Moins intéressant
nous trouvons le détournement de poupées Barbie.
Nous pressons le pas car l’heure tourne et la
Ca Rezzonico ferme à 18h. Là encore nous passons de la fréquentation
intense des spots
touristiques au calme des musées.
La Ca est l’une des Ca les plus riches du
Canale Grande. Des escaliers démesurés nous mènent à la grande salle de bal
remarquable pour les deux lourds lustres aux motifs floraux et ses porte-
plateaux en forme d’esclaves maures en ébène et autre bois.
Le guide du Routard
ainsi que les plaquettes en français à disposition dans chaque salle nous
permettent d’apprécier les détails et de mieux comprendre les peintures
allégoriques des peintres comme Tiepolo. Nous traversons dans l’ordre : la
salle de l’allégorie nuptiale, la salle des pastels, celle des tapisseries, le
portego (corridor) la salles des lazzarini.
« Le portego était assez peu meublé mais il était
décoré avec des armes, des trophées et les portraits de famille. On y
organisait aussi souvent des réceptions à l'occasion des mariages ou lors des
grandes fêtes ».
Pratiquement dans chaque salle du palais une
couleur de tapisserie murale en tissu est assortie aux fauteuils et banquettes
voire radassières.
Certains objets, meubles ou plafonds proviennent d’autres
palais correspondant au luxe de mise à la Ca Rezzonico.
Au deuxième étage, nous pouvons contempler
deux toiles de Canaletto, peintre emblématique de la ville et peu présent
semble-t-il dans les musées de Venise.
Est-ce sur l’un de ses tableaux où un
vieil homme urine conte un mur et une femme secoue la poussière de son balai de
paille ou sur ceux de Guardi ?
En
tous cas le parloir des nonnes qui décrit une réalité surprenante est bien de
Guardi : seule une grille de séparation évoque l’isolement des
religieuses, les personnages badinant devant un théâtre de marionnettes, semblent éloignés des préoccupations
transcendantales.
Plus loin les fresques de la villa Zianigo ont été exécutées
par le fils de Tiepolo dans le tons clairs et pastels et dans « il
mode nova », la prise de vue paraît tout à fait moderne pour l’époque, les
personnages qui s’ébahissent devant la lanterne magique apparaissent de dos,
cachant l’objet de leur curiosité.
On peut aussi se projeter dans la vie de
nobles du XVIII° devant la chambre en alcôve et le berceau assorti, le
« dressing » à l’arrière dont rêveraient bien des coquettes
d’aujourd’hui pour ranger leurs atours.
La pinacothèque occupe le troisième étage
nous le parcourons au pas de course.
Déjà rassasié de beautés et surtout parce que l’heure de fermeture
approche. Nous avons eu juste le temps d’apercevoir la pharmacie reconstituée
en bois avec ses cornues et ses pots en faïence mais difficile de voir derrière
les vitrines en cul de bouteilles, sans éclairage.
Nous redescendons les trois étages qui en
valent six d’aujourd’hui et nous nous arrêtons sur le Campo San Barnaba, décor
d’ « Indiana Jones et la dernière croisade » où
bienencontreusement siège une gelateria.
Nous dégustons une glace assis face à
l’église en regardant passer les touristes dans toute la variété des genres
humains : ceux qui s’engueulent pour un problème d’orientation, ceux qui
badalussent, ceux qui traversent d’un bon pas, les amoureux, les vieux, les
jeunes.
Nous replongeons dans le bain de foule, la lumière est belle, le pas
traînant.
Nous nous autorisons l’entrée de la Galerie d’Arte Contini près de la
place San Marco, parmi les magasins aux marques prestigieuses. Nous sommes bien
accueillis pour découvrir l’artiste Manolo Valdès à travers ses œuvres :
Ménines de tailles et de matières différentes, chevaux de bois et cavaliers en
bois de récupération déclinés en plusieurs dimensions et d’autres pièces avec
têtes et cheveux en métal, la plus impressionnante est peinte en blanc. Combien
de fois à Venise avons nous poussé une porte et été surpris,
agréablement ?
Nous achetons du café sur le chemin du retour
chez « Nino’s friend » puis passons le déposer rue des Miracles où
nous logeons. Nous ne cherchons pas de nouveau restau pour ce dernier soir bien
que ce soit un peu difficile de trouver une place en terrasse à la
« Trattoria Antico Gatoleta ». Nous commandons bacala e polenta, ou
spaghetti à la seiche noire, limoncello et relimoncello du patron qui facilitent
la conversation avec nos voisins hollandais.
Le lendemain partis à 11h 39 de la gare de
Venise nous sommes à Grenoble à 20h 27,
après avoir été remis dans le bon chemin avant notre départ en train par une
religieuse compatissante et avoir franchi
à pied sept ponts, réconfortés par un ultime café italien appelé
« sublime ».
Pour la route, un rappel de vocabulaire spécifique à Venise :
Palina : poteau pour l’amarrage des
gondoles.
Bricola : groupe de poteaux qui
délimitent les canaux navigables.
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