Né en 1590 dans une famille où son père était peintre ainsi
que son frère, Simon travailla avec son gendre Dorigny, et se maria avec Virginia Vezzi, qui « dessinoit agréablement, peignoit
en miniature… » Peut-on deviner dans
cet autoportrait la curiosité
de l’artiste protéiforme qui fit le lien entre les écoles artistiques de Rome (baroque)
et Paris (classique) ? Le conférencier devant les amis du musée de
Grenoble avait à combler un certain déficit de notoriété de celui qui est pourtant « l'emblème d'une
peinture baroque
française » (Wikipédia).
A l’époque de Richelieu, il plaisait à la
bonne société, aux grands financiers. Ça n’a pas changé entre le XVII° siècle
et le XXI°: la notoriété reste indexée sur les marchés.
A 15 ans, il
s’embarque pour Londres, puis séjourne à Constantinople et après une étape à
Venise, une à Bologne, il s’installe à Rome en 1614. Il avait pu apprendre le
sens du faste, des belles matières, des couleurs, les chatoiements du baroque, alors le jeune homme pensionné par Louis XIII va
passer d’un style à l’autre. Il est nommé « prince de l’Académie
romaine de Saint-Luc ».
Le dessin de la Vierge
à l'Enfant avec Sainte Elisabeth, Saint Jean Baptiste et Sainte Catherine
est affirmé, les effets lumineux
mettent en valeur les tonalités se complétant ou contrastant avec dynamisme.
Dans L'Entendement, la Mémoire et la Volonté répondant
aux codes symboliques édictés par Cesare
Ripa (Iconologia), le double visage de la mémoire ne
se remarque peut être pas tout de suite tant les couleurs assombries rappellent
Le Caravage mort seulement quelques
années auparavant. Le passé tombe en ruines.
Le cadrage à
mi-corps lorsque Sophonisbe
reçoit la coupe de poison d'un messager doit beaucoup au maître du
« chiaroscuro » si souvent cité, jusqu’aux bouclettes.
Un exemple de sujet
inspiré des auberges est de la même veine avec son fond clair obscur qui permet
au spectateur de se consacrer aux
personnages de La diseuse de bonne aventure. La
voyante ne voit pas qu’elle est en train de se faire voler.
Traitée sous un angle inhabituel, cette version de La
cène est forte.
Parmi tous les tissus de « La naissance de la
vierge », une lumière franche prend en compte l’obscurité des
chapelles où les tableaux exposés constituent aussi pour les auteurs comme des
panneaux publicitaires.
Vouet est assailli de travail, la réfection de sa Crucifixion
en a détérioré les vernis mais les mains
de ses personnages sont toujours expressives.
Comme dans la vêture de Saint François où celui qui
a résisté aux plaisirs de la chair, va recevoir les habits sacerdotaux.
Le portrait du Prince Marcantonio Doria loin d’être
triomphant, marque un certain trouble.
Simon Vouet s’engage dans des cycles narratifs religieux ou
allégoriques, les attitudes sont éloquentes, les couleurs vigoureuses.
En plus turbulent que son rival Poussin croisé à Rome,
il avait aussi le
goût de la mythologie,
Le Temps vaincu par l’Espoir l’amour et la Beauté est inondé de
lumière.
Dans le tableau Le temps vaincu par l'Amour, l'Espérance et
la Renommée, il est précisé parfois qu’il s’agit de Saturne.
En 1627, revenu en France, il monte un atelier où travaille Le Brun.
Le portrait du connétable Gaucher de Châtillon figure dans la « galerie des
hommes illustres » du palais Cardinal.
Loth et ses Filles
a été retravaillé. Est ce que
l’on peut s’intéresser à la composition du tableau quand c’est l’inceste qui
est mis en scène ?
L’allégorie de la richesse, celle de la Charité, et celle de la Vertu, sont actuellement au Louvre après
avoir été exposées au château de Saint
Germain en Laye.
Le Martyre de Saint
Eustache figure dans son
église, surnommée « la fille de Notre Dame de Paris »
Au musée de
Grenoble, les saisies révolutionnaires ont apporté Le Christ apparaissant à Saint Antoine Abbé, il fait fuir les créatures
diaboliques prises dans un réseau de courbes et de contre-courbes. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/11/lart-et-le-sacre-en-france-au-xvii.html
Simon Vouet meurt à Paris où il était né 59 ans auparavant.
Il avait
produit tant de retables,
des décors d’appartements, des galeries pour les palais, des cartons de tapisseries et des gravures, on en découvre encore. Je suis allé voir du
côté de l’impasse avouée par
l’historien de l’art qui fut opérée sur la période « bambocharde » de celui qu’il a nommé « le coloriste
éclatant ». Mes yeux de vieux
potache m’entraînent à voir une des mains qui fait « la fica » dans
le Jeune homme aux figues. Oh lala !
Merci de m'avoir fait découvrir ce peintre.
RépondreSupprimerJe vois l'influence du Tintoret aussi.
Dans le tableau avec l'allégorie de la volonté, l'entendement et la mémoire, je suppose que la mémoire est la figure masculine qui ne regarde pas dans le miroir, mais dont le visage dans l'ombre revient/fait retour vers nous, les spectateurs ?