Perturbés par une arrivée en retard (une heure et demie pour
traverser la ville) bien gérée par le personnel de la MC2 qui nous a fait
discrètement prendre place, nous avons eu le sentiment de ne pas perdre
seulement un moment, mais à défaut d’entrer en douceur dans l’univers singulier
de Yoann Bourgeois, d’être un peu des intrus.
Le sous-titre « tentatives d’approches d’un point de
suspension » est illustré en séquences où l’humour alterne avec la
poésie : légèreté d’un instant menacée par des matériaux hostiles qui
tombent des cintres ou se cassent, mais l’ahuri rebondit, trouve la grâce et
une femme s’accommode bien de survoler le plateau accrochée à un lourd
instrument à contrepoids qui permet pourtant de croire en sa légèreté.
Il n’est pas aisé de s’exprimer depuis un micro placé au
dessus d’un plateau instable : le temps de dire « voilà » après
une laborieuse installation et voilà par terre le théoricien obstiné. La verticalité souvent soumise à la question dans le
champ pédagogique ou politique est quand même le contraire d’allongé.
Les chutes peuvent avoir de belles allures, être utiles
quand elles propulsent en haut des marches, mais la poésie semble parfois effarouchée
et la balance reste incertaine entre silence et musique, immobilité, lenteur et
vitalité.
Bien des séquences m’ont enchanté, même la plus didactique
avec deux pancartes « croire » et « douter » bien sûr instables,
ou ces gestes entre un homme et une femme autour d’une table qui rendent compte
des rapports de force d’un couple avec dynamisme et originalité.
Une harpe assortie de samples sort de ses atours
habituellement apprêtés sans perdre de ses connotations planantes.
Un ballet de tubes métalliques menaçants et harmonieux joue
d’une façon élémentaire avec les notions d’équilibre, de rapport de force qui
sont au cœur du travail du chorégraphe circassien. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/04/celui-qui-tombe-yoann-bourgeois.html
Je pensais aux dessins
datés de Folon, mais ce spectacle délicat là dit bien notre époque
fluctuante ou la précarité est la loi, même si les rires sollicités ne me
semblaient pas de mise dans cette galaxie. Poésie et humour voilà encore un
dosage délicat. Depuis mon pays ringard, je devrais savoir que sur « La
piste aux étoiles » se produisaient aussi des clowns.
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