Le titre se traduit par « Ne pas dormir ». Les spectateurs n'ont pas besoin de l'injonction, saisis par la performance d’une
troupe composée de huit hommes de toutes origines et une femme qui
impressionnent par leur souplesse, leur force et leur souffrance.
La musique est de Mahler, celui de « Mort à
Venise », dont la gravité est entrecoupée par des chants africains et des
extraits d’une cantate de Bach exécutée en direct a cappella par des artistes complets. Le metteur en
scène, ancien orthopédagogue, pourra user de ses talents de thérapeute à l'égard de ses
ouailles brutalisées, étonnants d’intensité, qui peuvent être marqués par une
heure quarante de spectacle.
Même si la proximité du spectacle d’Anna Thérésa de Keersmaeker
qui m’avait transporté est en faveur de la grande dame,
je suis toujours admiratif du travail de précision des
danseurs bien accordés et de leurs prouesses physiques.
Cependant la bagarre initiale où ils se déchirent les habits dure trop à mon goût et quand plus tard des acteurs sont malmenés par les autres, il peut naître un certain embarras tant la représentation de la douleur est crue.
Cependant la bagarre initiale où ils se déchirent les habits dure trop à mon goût et quand plus tard des acteurs sont malmenés par les autres, il peut naître un certain embarras tant la représentation de la douleur est crue.
La séquence christique est réaliste jusqu’au malaise, les
corps, semblables parfois à des écorchés, sont à vif sous les coups et les
pincements. Les citations de tableaux du
Caravage ou du "Radeau de la Méduse" mettent
pourtant à distance un premier degré trop violent.
Quelques notations parodiques viennent brouiller par
ailleurs un message qui voudrait
rapprocher le chaos à venir au début du XX° siècle avec la situation présente.
Les séquences
d’ensemble sont réussies quand elles démarrent par surprise et entrent en
harmonie alors que trépignements et claques rythment les évolutions énergiques. Mais la présence des cadavres de trois chevaux naturalisés sur
fond de toile de sac trouée m’a parue essentiellement décorative comme parfois la musique.
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