La maison des enseignants de Grenoble et de l’éducation tout
au long de la vie avait invité quelques sociologues, politologues et une
professeure de philosophie pour intervenir sur un thème que d’aucuns ont trouvé
négligé par la gauche.
Mais que n’a-t-elle pas oublié, la belle endormie?
Ce qui m’avait paru novateur dans le marasme actuel, tel que
« Le Revenu Universel » est renvoyé au piquet par Bernard Friot, en
route pour la fête de l’Huma, organisée en même temps que cette rencontre qui
avait rempli la salle de la maison du tourisme à Grenoble.
Il a mis dans la même corbeille : Hamon, Macron avec
le FN et LR » et demandé une « mesure
de laïcité : la séparation de l’état et du MEDEF ».
Malgré ces outrances qui régalent les convaincus, le bougre
est stimulant bien que peu dupe de son audience : « les livres de science sociales se vendent en moyenne à 400
exemplaires hors bibliothèques » nous apprend-il. Gageons que son
dernier ouvrage « Pour vaincre Macron » aura plus de succès.
Le salaire à vie, qui bénéficie à un tiers des plus de 18
ans (fonctionnaires et retraités) serait par lui attribué à tout le monde et
porté entre 1700 € et 6000 €. Le capitalisme serait aboli, les moyens de
productions nationalisés et les entreprises gérées par les salariés comme en 17
(1917).
Il donne à réfléchir sur la notion de travail : lorsque
l’on accompagne un enfant à l’école, quelle est la différence, selon que cette
tache est réalisée par un parent ou par une aide maternelle ?
Et c’est une opinion de bon sens, loin des provocations, quand
il estime qu’un enseignant est un producteur de richesse, contredisant tous
ceux qui pensent la fonction publique essentiellement comme une charge.
Bien qu’illustrant son propos de référence à Croizat qui a
mis en place à la libération : l’assurance maladie, les allocations
familiales, le système des retraites… son propos porte surtout sur le travail
abstrait.
Plus concrète est Danièle Linhart dont la description du
taylorisme est éclairante quand celui-ci ne se résout pas à Charlot dans
« Les temps modernes » mais se retrouve dans une « sur humanisation managériale » très contemporaine. En
effet pour contrer la «flânerie
systématique des ouvriers» aux yeux de patrons investisseurs qui
connaissaient moins le travail que les professionnels, il fallait casser ces
métiers, en permettant à tous d’accomplir des taches simples. «L’organisation scientifique du travail»
était porteuse de progrès, le pouvoir passait de l’atelier aux bureaux : la
bataille idéologique était gagnée.
Même si la « critique artiste » de 68 a proclamé « ne plus vouloir perdre sa vie à la
gagner », l’individualisation va emporter tout sur son passage :
les horaires variables sont pratiques pour conduire les enfants à l’école et la
polyvalence moins monotone, les compétences sont reconnues par des primes à la
tête du client. Il y aura bien des séminaires pour inventer un destin commun,
mais les cercles de qualité font des ronds dans l’eau, loin de la fraternité
des collectifs qui travaillaient ensemble depuis longtemps, pouvaient
distribuer leurs tracts quand la sirène libérait tout le monde en même temps.
Maintenant 75 % des emplois sont dans le tertiaire, alors la tendance lourde à
tout psychologiser amène à faire porter à chacun un petit « bureau du
temps et des méthodes », pour intérioriser les bonnes pratiques venues
d’ailleurs : « je gère ».
Il s’agit de sortir de sa « zone de confort » après avoir
respecté le code déontologique. Le changement perpétuel rend obsolète
l’expérience, au pays de la financiarisation, le travail est dénigré, nous
revenons au début du taylorisme avec ceux qui pensent et ceux qui exécutent,
avec une cœrcition qui peut bien passer par quelques massages, la crèche dans
la boite, méditation et jeu de rôle. Tant que ne sera pas remise en cause la
clause de subordination, l’exploitation de l’homme par l’homme durera autant
que le marché de Voiron.
Martine Verhlac avait introduit les débats en faisant
référence à la Déclaration de Philadelphie (1944) de l’Organisation
internationale du travail «
proclamant ce dernier comme un droit fondamental, participant de la justice
sociale et d’un développement spirituel dans la liberté et la
dignité ».
Je n’ai pas entendu les témoignages de « collaborateurs »
d’Ecoplat qui devaient intervenir l’après- midi, ni la prestation de Paul
Ariès, animateur du « Mouvement pour une décroissance équitable »,
messager du « passeport
universel » et
coursier « du revenu universel ».
Mais une
personne à qui j’ai proposé mon compte
rendu avait apprécié :
« L'après midi? Ecoplat,
une lutte longue, diversifiée, riche et dense d'enseignements de tous ordres
(engagement de chacun, lequel et comment et quelle durée), éclairée et suivie
par une personne qui rédige son mémoire de psychologue du travail sur le sujet.
Puis le GAEC de Ste
Luce, 4 au départ, 15 maintenant, associés et salariés. Evolution de
"l'entreprise" à la campagne, organisation précise du travail dans un
souci d'équité constant; bravo!
Très édifiant tout ça!
Quant à Ariès,
fonceur, convaincu, et conférencier, belle ouverture finale de cette journée.
Il a cité des exemples où ses utopies fonctionnent.
Utopies? Il y a
quelques décades, le vote des femmes en était une (ce n'est pas de moi mais de
ce Hollandais que l'on entend sur les ondes en ce moment, proposant à fond le
RUB)! »
……..
Un dessin parmi d’autres du « Canard » de cette semaine :
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