L’amour toujours, l’amour, fou et désespéré : une femme
de soixante ans passe de l’exaltation des sens au désespoir lorsque le temps ne
se rattrape guère.
Je reprends des expressions toutes faites pour souligner la
banalité des situations décrites et mieux apprécier la virtuosité de l’auteur
qui renouvelle le genre.
Pourtant à lire la quatrième de couverture où il est
question d’une crise de la soixantaine résolue par l’engagement d’un gigolo,
cela pouvait risquer d’être rigolo, mais la première phrase donne une
profondeur qui ne contrarie pas un récit réservant des surprises.
« La vie est un
petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous
n’avez pas encore vécu et celle de ce que vous n’allez pas pouvoir
vivre. »
Comme lors d’une scène où le personnage principal,Soledad, se croit coincée dans sa douche alors qu’un petit mouvement a pu lui permettre
de reprendre le fil de son journée et passe du désastre de la solitude à
l’insouciance.
Elle, dont le destin semble déterminé par son prénom qui
signifie « solitude » a une sœur nommée Dolorès, son amant s’appelle
Adam : "too much" ! Comme la vie et l’œuvre de ces écrivains maudits
que la belle qui se débat doit présenter dans une exposition.
« C’était
tellement banal aussi qu’elle soit là à embellir son cas avec des références
cultivées ; qu’elle essaie d’envelopper cette histoire du papier de soie
des comparaisons littéraires, alors que la dure réalité était qu’elle, une
femme âgée, elle était en train d’acheter des cadeaux à son gigolo. »
Ironiques et graves, tendres et cruelles, ces 190 pages sont
justes.
« Quelle foutue
malchance qu’il continue de lui sembler si beau. »
Je ne sais pas...
RépondreSupprimerC'est quand même triste ce regard que NOUS portons sur les femmes âgées, à commencer.. par les femmes âgées elles-mêmes.
Mais tout un chacun a tellement peur de PARAITRE ridicule de nos jours que l'inhibition a un solide avenir devant elle, à mon avis.
Pas que l'inhibition est forcément mauvaise, loin de là... mais trop de civilisation finit par tuer l'Homme. Que c'est difficile de naviguer entre Charybde et Scylla...