Marc Le Glatin, prof et artiste, Hortense Vinet,
photographe, Olivier Tesquet, journaliste à Télérama, sous la houlette pêchue
de Xavier de la Porte de France culture nous ont régalés de leurs alertes
réflexions au forum de Libé à la MC2.
Le bouleversement profond
auquel nous assistons nous fait peur, car il bouscule les codes
familiaux, nos représentations du monde.
Et la liste est longue
des griefs adressés à l’ordi face aux ados :
les jeunes ne lisent plus de livres, ne s’intéressent pas à
la culture, n’approfondissent pas, surfent, errent, figés dans un présent
perpétuel, victimes d’addictions devant des jeux ultra violents, la
pornographie, confrontés à des informations erronées qui jouent sur leur crédulité,
et la pub, et les mauvaises rencontres…
L’homo numéricus intubé de partout, muni de prothèses se
délivre de lui même et son vide intérieur est submergé par une surabondance de
l’imaginaire où rien ne se fixe.
Les intervenants ne manquaient pas d’humour pour d’emblée charger la bête
numérique mais l’antithèse n’allait pas manquer de consistance,
Ce noir tableau confond ainsi tous les écrans face à un
peuple forcément bête condamné à la réception.
Alors que la télévision est allumée porte fermée, Internet
est un média qui ouvre vers l’extérieur.
Le spectateur devenu acteur, partage, son autonomie est
facilitée par une obligation de décider promptement face à son clavier. Mais il
faut une éducation pour sortir d’une flânerie sans objet pour s’approprier, hiérarchiser
les informations.
Cette intervention verticale peut être décisive dans un
univers d’échanges horizontaux afin de se repérer dans « le grand vrac »
du net, dans l’histoire.
80% des jeunes effectuent des recherches pour eux-mêmes, ils
sont à l’initiative pour se « construire des chemins de la connaissance
singuliers ».
Ils deviennent des médiateurs en transmettant, en commentant.
La culture numérique traverse les autres cultures qui se reconstruisent
par le collage, « le sample », le « mashup », le
« remix ». Par la collaboration naissent des petits objets
multimédias(POM).
La Fontaine s’était inspiré d’Esope, les essais de Montaigne
reposaient sur d’autres livres, il sera
bienvenu de les citer quand la méthode
du copier/coller reste scotchée à des expressions formatées.
Le net abolit les frontières géographiques et le périmètre
des genres, il constitue « une culture des cultures ».
J’ai apprécié en passant la remarque qui pointait que la
photographie a été d’abord une affaire d’amateurs que les professionnels
aujourd’hui remettent au goût du jour avec des flous, des cadrages improbables,
des surexpositions. De même que le simple geste de prendre une photographie
devient plus important que l’image qui en résulte sur Facebook par exemple.
Les œuvres sur la toile se construisent, elles sont un
processus en devenir, ainsi de nouveaux
modes de narration s’inventent. Et au bistrot musical du coin peuvent se retrouver les cybers solitaires,
faisant vivre la culture populaire dont j’ai aimé voir réapparaître le nom à la
connotation désuète au cœur de la modernité la plus manifeste.
La pratique numérique se transforme sans cesse avec les
applications qui deviennent des autoroutes, une « Hausmannisation » s’installe où le marché reprend la main avec
des logiques de silos (ex : Google), de vase clôt.
En ce qui concerne le
rôle de l’état : comme chacun cotise pour sa santé, des systèmes de
mutualisation doivent se substituer au système marchand pour que l’accès aux
œuvres reste simple comme un clic.
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Dans le canard de cette semaine :