vendredi 14 juin 2019

L’Europe fantôme. Régis Debray.

Faut-il être en manque d’intellectuel?
Il n’est même plus de bon ton d'en regretter la disparition, Onfray faisant l’affaire pour certains. Quant à moi, mon maître c’est Debray, bien que cet essai concernant un sujet où je n’ai pas voté comme lui, risque de me poser quelques difficultés, ne sachant exprimer un désaccord à sa hauteur depuis ma position proche de ces « mobinautes multipasseports des centres-villes qui mangent bio et prennent l'avion carbonifère » qui  « continuent d'adhérer, c'est le sort des éponges.»
Il est bien vrai par exemple que l’influence d’un pays ne dépend pas seulement de sa taille mais de sa réactivité : Singapour, Israël ou la Suisse en apportent la preuve.
Je préfère ses formules concernant  l’Europe des comptables, sans « contours » et sans « conteurs », à la phrase trop facile qui fera l’affaire pour une accroche qui plaira à Médiapart :  
« On attendait Erasme, c’est M. Moscovici qui est arrivé. »
J’ai trouvé ses 44 pages éditées dans une collection appelée « Tract » chez Gallimard très bien tournées, comme d’habitude, et moins brutales que prévu.
«  ... l’Européen qu’il soit méditerranéen, rhénan ou balkanique, fut doublé par l’océan global. Le merveilleux industriel d’outre atlantique est venu occuper les quatre cinquièmes des écrans de cinéma, les deux tiers des émissions musicales à la radio et des BD, la quasi-totalité des galeries d’art contemporain, les facultés des sciences et de philosophie, les jouets, les papilles et les magazines. »
En dehors de l’importance coutumière qu’il accorde aux E.U.
le rappel du sens religieux de la bannière bleue aux douze étoiles, qui n’a jamais flotté sur un champ de bataille, n’est pas une condamnation mais affronte les difficultés à fonder une communauté morale.  
Il me semble injuste de faire porter aux instances européennes toutes les responsabilités du déclassement industriel et des effondrements culturels. Les compromis rabotent les meilleures intentions devant s’accommoder de la diversité, comme il le sait bien.
«  Un demi-siècle d’ouvrages inspirés, d’apostrophes intimidantes et de plans sur la comète a donné à l’Union européenne une certaine présence dans le discours et la conversation et il ne faudra pas demain lui dire, à la créature bruxelloise, dans son dédale de blocs de verre et de béton, comme le poète à sa fileuse, « Tu es morte naïve au bord du crépuscule » mais «  tu as conjuré, bavarde, la venue du crépuscule », telle l’héroïne des Mille et une nuits. »
......
 La photo est de Pelle Cass découvert dans "Courrier international"

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