vendredi 4 février 2022

Trop.

Je peux regretter la violence des temps et ne pas hésiter à lancer quelques coups de patte épistolaire plus souvent qu’à mon tour. Je râle constamment contre les analystes de pacotille qui ne soupçonnent que de noirs desseins derrière toute décision, pour plonger aussi sec dans la généralisation hâtive.
Lister ainsi ces contradictions vise à mettre le masque de la lucidité, de l’honnêteté à des faiblesses qui appellent l’indulgence de mes semblables. Je satisfais mon  appétit des paradoxes et une propension au « en même temps » qui se donne les illusions de maîtrise tous azimuts dans un monde ayant perdu le Nord. Noire est la nature humaine et mes mains ne sont pas propres.
Les prophètes du « monde d’après » qui ont prêché par écrans interposés n’ont pas vu que sous leurs yeux le numérique avait permis d’avancer pour contrer le virus avec le pass sanitaire et permis à l’économie de moins souffrir avec le télé travail, les services en ligne, culturels, éducatifs, marchands, d’information, sanitaires, à foison. Ces outils numériques sont devenus tellement ordinaires qu’on en oublierait qu’ils ont permis aussi une réponse éclair à la pandémie seulement freinée par des superstitions séculaires. L’intelligence côtoie la bêtise, la générosité, la bassesse. Ainsi loin des intentions généreuses des babas de la Silicon Valley, Internet est devenu le lieu des fake news et un moyen de diminuer, harceler son prochain.
Et que dire de nos compatriotes qui ne supportent ni éoliennes ni mines pour extraire les produits nécessaires aux voitures propres qui leur sont proposées ?
Par nos indignations de W à Z vis-à-vis de Woke ou Zemour, n’avons-nous pas contribué à leur notoriété même si le déni par rapport à leurs succès esquive toute réponse ? De près ou de loin, d’aucun ne veulent voir les avantages du « quoi qu’il en coûte » et ne retenir que les périodes d’esclavage pour les pays qui l’ont aboli. Ils n’envisagent pas ce qui est ponctionné à la sécurité sociale, pas plus qu’ils ne reconnaissent les avancées de la condition des femmes alors qu’ils excusent leur mise sous l’éteignoir sous prétexte de religiosité.
J’avais assisté, il y a cinquante ans de cela à l’arrivée depuis l’Afrique noire de l’expression « trop » à la place de « très » et ne voyais là qu’une couleur sympathique de plus dans nos façons de parler. Aujourd’hui nous exagérons, dramatisons, et nos échanges s’avèrent difficiles: « Castex assassin ! », Mélenchon se « bigarise», un graffeur mélange tout et insulte les déportés... 
Dans la boite à consoler, je cherche quelques mots pour triturer leurs racines et en extraire quelque huile essentielle adoucissante : « délié » dont j’aime les arabesques suivies de quelque « plein » pourrait nous fournir une idée de fluidité dans les rapports sociaux, mais va vite vers la rupture, le délitement. De tels contrastes tiennent au fil d’une plume joliment mais peuvent tout autant faire tache.
Il est des mots plus exigeants, mais plus inaccessibles que jamais : la confiance. J’écoute mon médecin, mon garagiste, mes proches, j’ai les amis que je mérite et la nation à laquelle j’appartiens a choisi, ses chefs : de l’état, son maire, et avec mes voisins un syndic de copropriété… 
Qui suis-je pour juger ce prof qui exerce en 2022 alors que je fus de la partie jusqu’en 2005 ? Je ne m’empêche pas quand même de mettre mon grain de sel tout au long des semaines pour livres et films, regrettant pour les spectacles vivants le conformisme reproducteur ad nauseam des éléments de langage de services de presse. Facebook est le repaire de ces copieur/colleur qui entre deux binettes hilares ou dégueulantes ne s’expriment  dans les commentaires que par jets brefs.

1 commentaire:

  1. Après la sortie de mon hammam, où j'ai passé la journée à me détendre, me gommer (du travail dur, le gommage, si on le fait soi-même), faire ma teinture, me faire masser, le tout... entre femmes, dans de bonnes conditions, où on a envie d'être entre femmes, et où un homme serait de trop, quand même, j'ai mis le cap sur la Préfecture pour ESSAYER de faire une démarche administrative banale. Je n'ai pas attendu longtemps, mais les gentilles dames à l'accueil m'ont dit qu'elles ne pouvaient rien pour moi, qu'il fallait faire la démarche "en ligne", alors que j'ai déjà essayé, sans succès, de faire la démarche "en ligne".
    A côté de moi, il y avait un homme qui essayait d'expliquer ses déboires avec son permis de conduire, déboires dus vraisemblablement au manque de personnel en chair et en os ? et aux retards pris dans une société qui ne jure QUE par le contrat et la judiciarisation, les preuves formelles (ce qui s'appelle l'opposé de la confiance, pendant qu'on y est...), et qui s'est offert, pieds et poings liés, aux voluptés de la toute machine (numérique).
    Permets-moi quand-même de me montrer excessivement sceptique quant aux mérites du numérique pour résoudre les problèmes de société que nous avons en ce moment. D'autant plus que je crains que bon nombre des terribles problèmes que nous avons viennent surtout du désir de tailler l'Homme pour le rendre compatible avec la Machine (électrique de préférence), et lui fixer une prise, un adaptateur pour le rendre plus "performant".
    Pour l'exagération... je vois encore que c'est une affaire de la perspective de qui regarde. L'exagération de l'un est le déni de l'autre, par exemple.
    On m'a fustigé hier de faire remarquer qu'à l'heure actuelle, la France est un des seuls pays d'Europe à persister dans la politique du passe sanitaire alors que les voisins sont en train de l'abandonner, et que des fois, en écoutant la radio, et la propagande si terriblement pauvre (depuis longtemps maintenant) je me demande si nous ne vivons pas dans un ersatz européen de la Corée du Nord. "HA, vous exagérez là", lance mon interlocuteur triomphant d'avoir pu faire un but. Après, on me dit, en hochant la tête, "vous faites des grosses généralisations", alors que les mêmes sont capables de saisir le ballon au vol, et se lancer après dans une série de... grosses généralisations (de mon point de vue).
    Que dit-on en anglais : la viande de l'un est le poison de l'autre. Oui, j'en ai marre de manger le poison... des autres en ce moment.
    ...
    Hier, j'ai lu sur un site anglophone que les diplômés femmes ont été plus nombreuses que les diplômés hommes dans les facs l'année dernière. Hmmm...Je me demande ce que ça veut dire. Je me demande quand les hommes de mon milieu et de ma classe sociale vont se réveiller (pas woke) pour réaliser que les femmes (leurs femmes ? les autres ?) ne veulent pas l'égalité, elles veulent le pouvoir pour elles. Elles veulent transformer... leurs conjoints, leurs maris, leurs enfants, en gentils petits animaux domestiques dignes d'un film animé de Walt Disney. (oui, j'exagère. Et alors ? à peine...) Pour leur plus grand malheur, évidemment, parce que le pouvoir, c'est vraiment la poisse, mais je sais que personne n'entend ce langage en France à l'heure actuelle. Peine perdu de s'époumoner sur ce sujet. Je me demande ce que vont faire les hommes de mon milieu et de ma condition quand ils vont ENFIN réaliser cela...
    Ce soir, au supermarché, j'ai dit à la caissière qu'il était une fois... une époque où on avait les moyens de savoir qu'on nous voulait du mal en nous écrasant. Le pouvoir... ne mettait pas les gants. Maintenant, on nous écrase avec des intentions/attentions bienveillantes.
    Je me gratte la tête...

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