vendredi 11 mars 2022

« Impensable »

Ainsi titrait « Courrier International » pourtant souvent clairvoyant qui reconnaît n’avoir vu que du feu avant la déflagration oublieuse de l’histoire des Sudètes et autre Crimée.
Un flash résume parait-il la vie de chacun lors du dernier souffle, est-ce vrai pour toute une civilisation qui a connu tant d’alertes funestes ?
L’image d’un trou aux bords noircis dans le mur d’un immeuble d’une ville inconnue fichée entre nos deux yeux pourrait figurer comme le préquel de notre fin de vie.
Nous sommes vivants et bavardons, mais peut-on réfléchir sans risquer de jouer avec la misère des autres ? Le mot « folie » pourtant épuisé par tous les Hitler, résume notre désespérante condition commune où la mort gagne à la fin.
Nos petits drapeaux tournent au dérisoire et nos petits blabla tombent à plat : les virus oubliés, ah ah voilà ti pas que les russes rusent. Et les tritureurs d’histoire, de Poutine à Zémour, de la falsifier, pour rendre le présent encore plus haïssable. 
Aveugles du passé, nous ne pouvons  plus entendre les annonceurs d’un «  nouveau monde » coloré de vert il y a peu, et virant au brun. Les chars russes en  défilé sur le mail à Voiron en cas de victoire de la gauche en 81, nous faisaient tellement rire, ils ne sont pas si  loin, et nul ne songerait en rire.
Les prévisionnistes qui n’avaient pas vu les chauves-souris sortir de leur grotte s’aperçoivent que les uniformes ne sont pas faits seulement pour la reconstitution des guerres en dentelles. 
Tremblez tankistes ! Un artiste va décorer un mur avec une petite fille écrasant gracieusement quelques chars comme on joue à la marelle.
Depuis des quais de gare, dans les classes « la guerre s’invite », débordant le pédagogue qui n’en est plus à agrémenter ses cours de clins d’œil à l’actualité pour éveiller l’attention, mais subit le vacarme ambiant, le détournant de sa tache originelle.
Expliquer Coronavirus me semble moins difficile que commenter tant de déraison. Tous les hommes ne sont décidément pas sages et attentionnés.
Si au moins nous trouvions de quoi relativiser nos querelles en constatant que la défense d’un pays menacé de disparition dans la Grande Russie accélère l’intégration d’autres états au sein d’une Europe stimulée par les gifles.
Tout le monde chante « aux armes » mais personne ne veut mourir pour Sébastopol pas plus que quand il fut question de Dantzig.
Tout le monde souhaite la fin de nos dépendances énergétiques, sanitaires, agricoles, militaires, mais personne ne veut de ce travail.
Tout le monde veut des tomates avec de l’herbe au pied mais personne ne veut courber le dos.
Le chemin vers le pire ne s’inversera pas plus que le cours des rivières en voie d’assèchement, la vie meilleure ne viendra plus comme primevère au printemps, nous n’en finirons pas avec les larmes pour éviter d’autres tombes et des blancs dans les mémoires avec trous dans les murs des écoles, au prix du sans plomb.

1 commentaire:

  1. Fut un temps où les Européens avaient une plus grande conscience des liens qui les reliaient à la Russie. Fut un temps où on parlait français dans ces pays de l'Est, me semble-t-il, dans les hautes sphères, et pas que. Fut un temps où on percevait mieux que la Russie était plus... près ? proche ? que les U.S. ?
    Nous n'avons pas cultivé notre mémoire, il me semble. Et nous nous contentons de...SERVIR bien servilement d'autres intérêts, tout en clamant notre indépendance, etc etc.
    Cela fait un certain temps que ça dure, tout ça.
    Après, que Vladimir Poutine emploie un vocabulaire... à notre sauce, et un vocabulaire que nous avons déjà bien modifié pour être conforme à notre vision de notre passé (et si réductrice, cette vision, d'ailleurs...), ça s'appelle la politique. Ne nous en déplaise, d'ailleurs.
    J'ai un ami américain au pays qui me disait dans le temps toute sa réprobation de constater que la droite républicaine allait faire effondrer le pays ; ce qu'il n'avait pas prévu c'est que le pouvoir fait que... soi, on prend le chemin du totalitarisme, même en étant "de gauche". Il se croyait protégé d'abuser du pouvoir PARCE QU'il était "de gauche" dans le temps, tout comme une petite Maghrébine se croyait vacciné contre le racisme parce qu'elle était Maghrébine à l'école de ma fille.
    Et bien, le monde ne marche pas si simplement...

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