Je craignais que le film soit une dénonciation sans nuance
d’ « un boulot de merde dans une compagnie de merde » comme le
clame un client dans l’avion à bas coûts.
Le titre peut sembler inapproprié tant est bien plus subtile
et dynamique le récit de la vie d’une hôtesse de l’air qui s’étourdit dans les
fêtes, tout en ne dérogeant pas aux protocoles précis édictés par ses
employeurs.
Libre, vivant au jour le jour, très contemporaine avec portable
comme isolement et comme lien, elle passe d’une émotion à l’autre avec un masque
maquillé pour tenir le malheur dehors.
Sa solitude est moins criante quand elle
retrouve sa famille où elle affronte le souvenir de la mort de sa mère.
Quelques
longueurs se ressentent parfois et lorsque des dialogues n’apparaissent pas
distinctement dans le brouhaha des discothèques, cela peut tourner au procédé.
Ce portait original d’une génération décape.
Je n'arrive pas à lire ça avec un oeil clinique, Guy.
RépondreSupprimerJe ne regarderais pas le film avec un oeil clinique, non plus.
Cela me désole au plus haut point d'être témoin de tant d'isolement humain... sans contact.
Et des ravages que cela produit sur l'être humain, ainsi que sur sa société.
En tout cas... j'ose espérer que ce n'est pas le portrait original d'une génération. Ça sent un peu la généralisation, non ? Il doit y avoir des jeunes qui vivent... autrement. Qui OSENT vivre autrement. En me replongeant dans un livre de James Rebanks, issu d'un milieu d'éleveurs de brebis en Angleterre, j'ai vu qu'il s'était... réveillé pour quitter ce milieu d'abrutissement dans les bringues au jour le jour, (au masculin ou au féminin maintenant, le progrès a gagné la partie), retourner à l'école, à l'université, puis... REVENIR SUR LA FERME pour y vivre. Voilà un parcours qui rompt avec le status quo et la mode.
Pour "tenir le malheur dehors", c'est plus compliqué que ça. Parce que l'être humain, surtout à l'heure actuelle, a tendance même à PROJETER SON PROPRE MALHEUR DEHORS pour le garder au loin (de ses yeux). Si, si. C'est sans doute pour cela que je trouve l'espace publique en France mélancolique depuis des lustres maintenant. C'est parce que nous fourgons notre malheur personnel... dehors. Notre malheur, mais... le Mal que nous refusons de voir EN nous-mêmes aussi.
Oui la généralisation est hâtive mais elle se situait sur le même plan que les portraits de victimes majoritaires sur les écrans.La façon de traiter ce personnage actif m'a bien plu.
RépondreSupprimerOui, je comprends mieux. Je n'aime pas cette manière... actuelle de nous jeter en pâture des malheureux pour exciter nos pulsions d'être de belles âmes. Même... nous inciter à nous dire, en privé, dans nos toilettes, qu'il y a plus malheureux que nous. Cela n'agrandit personne.
RépondreSupprimerPas les victimes. Songe un peu que le mot "victime" est fatalement en rapport avec le "sacrifice", comme j'ai déjà du le dire mille fois ici, et qu'est-ce qu'on voit dans le mot "sacrifice" ? "sacré"...
Sacrés mots. Ils gagnent toutes les parties, même si certains d'entre nous veulent se féliciter qu'avec les chiffres on échappe aux déboires de la nécessité d'interpréter notre monde... Mon oeil. "Back to the drawing board", comme on dit. Retour sur la planche pour trouver de nouvelles solutions qui nous feront forcément... souffrir de la condition humaine.