lundi 7 juin 2021

The Father. Florian Zeller.

Après le dad odieux de "Falling" 
un père paumé parlant anglais sous les ordres d'un french réalisateur en est à la fin de son parcours.
«Boomer » invité à la fermer, je m’agite en tant qu’ancien visiteur d’EHPAD et jadis indécent qui à la moindre étourderie évoquait Alzheimer, je suis à présent impliqué par la question: « est- ce que vous allez nous emmerder encore longtemps ?» 
Le film nous embrouille et nous concerne. Anthony Hopkins nous fait peur plus intimement que dans l’exotique « Silence des agneaux », en ne reconnaissant plus sa fille, ni sa maison. Le temps est embroussaillé, les espace confondus, le domaine de la parole n’est pas encore atteint : « je perds mes feuilles une à une » dit Anthony. Il se débat, intelligent, drôle, lucide, pathétique, injuste, sifflotant après avoir été pris par « Le génie du froid » de Purcell en introduction, quand on comprend que nous allons être enfermés pendant une heure trente huit. 
Le montage ne joue pas au malin pour rendre complexe gratuitement un déroulement fatal. Il nous met habilement dans la tête de celui qui est en train de la perdre, sobrement, efficacement. Les prudences peuvent être violentes, les gentillesses humiliantes, l’ « absurde » autrefois sujet de dissertation met son pyjama à point d’heure. Dans notre monde vieillissant, cette immersion peut émouvoir ou effrayer, elle est forte.

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