Loin d’une captation intégrale de l’œuvre de Rameau à
destination des salles de cinéma, nous sommes amenés à suivre les répétitions
d’un groupe de danseurs à l’Opéra Bastille. La colossale machinerie, le temps long des mises au point et le
nombre de personnes impliquées dans ce spectacle présenté avant les confinements sont
impressionnants.
Bien que le regard soit principalement dirigé sur le ballet, m’est venu en cours de route l’expression : « et à la fin
c’est la musique qui gagne ! ».
Alors que metteur en scène et
chorégraphe ne cessent de parler des corps, leur verbiage s’oublie sous la
virtuosité des danseurs, leur énergie. Par contre l’intervention du chef
d’orchestre Leonardo Garcia Alarcon est décisive dans la rencontre des voix blanches et des corps noirs. Le travail, l’exigence artistique ébranlent
les stéréotypes mutuels.
Depuis la
création de l’opéra-ballet en 1785, évoquant les Indes orientales et
occidentales, faisant se rencontrer Turc, Incas et Persans, cet univers est
devenu en 2019 une ville cosmopolite où les jeunes affrontent des CRS robotisés
autour d’un volcan.
Ils dansent le « krump », le « popping »,
le « waacking », le « voguing ».
Au-delà de quelques enfantillages
épate-bourgeois un tantinet désuets, la rencontre du baroque et du hip-hop est
réjouissante, de même qu’est opportun ici le rappel de l’ambigüité de l’idée du
« bon sauvage » rousseauiste, accompagnateur parait-il du
colonialisme qui tant revient d’amphis en plateaux.
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