Quand la quatrième de couverture annonce que les sept
nouvelles « sondent la nature de la voix humaine », on pourrait
craindre un exercice de style, mais j’ai trop d’admiration pour l’auteur, je
sais qu’elle dit la vérité.
Elle parle de femmes « de
tout âge, solitaires rêveuses, volubiles, hantées ou marginales. Elles occupent
tout l’espace. Surtout, j’ai eu envie d’aller chercher ma voix parmi les leurs,
de la faire entendre au plus juste, de trouver un « je » au plus
proche. » Elle parle pour chacun.
Son écriture précise rend le monde plus proche, plus riche.
« Il était
quinze heures, le ciel était fade, couleur d’orge malade, et le silence revenu
comparable au bourdonnement continu d’un frigo, un silence si étrange, si
envahissant que je ne parvenais plus à le distinguer de moi-même… »
Cet extrait tronqué ne peut rendre l’ampleur, l’acuité, la
pudeur, la finesse, la simplicité de son écriture qui va, sans jamais peser,
livrer quelques mystères.
« Je m’attardais
moi , moi, sur une autre théorie, ambiguë celle là, et tragique, celle de
l’impasse évolutive, la sénescence de l’espèce au cours du Crétacé, les
dinosaures atteints de gigantisme et pourvus subitement de structures
anatomiques absurdes, devenus lourds et lents, incapables de rivaliser avec les
autres mammifères-ils dodelinaient de la tête en secouant des collerettes
vaines ployant sous le poids de cornes aberrantes, has been
mélancoliques… »
Toujours documentée, elle n’a pas besoin de la
ramener :
«Elle m’a parlé des coquelicots qui ne
poussent que sur des terres calcaires, sur des terres remuées, retournées,
aérées, de sorte qu’ils apparaissent souvent sur les champs de bataille ravagés
par les combats… »
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