jeudi 24 juin 2021

Le courage de la nuance. Jean Birnbaum.

Nous révisons ou découvrons sous la plume du directeur du « Monde des livres »: Albert Camus,  Hannah Arendt, Raymond Aron, Georges Bernanos, Germaine Tillion, Roland Barthes, George
Orwell, le père de l’expression : « la décence commune » qui en avait appelé aussi à « la franchise simple et commune ». Mots
élémentaires de notre humanité.
Séparée par des interludes, l’évocation sur 130 pages des pensées de ces personnalités répond bien au projet de la rédaction d’un essai : 
« qui au sens propre, essaie, tâtonne, tente quelque chose, et dont la force n’est pas de trancher mais d’arpenter ces territoires contrastés où la reconnaissance de nos incertitudes nourrit la recherche du vrai. » 
Dans quel état en sommes nous rendus, qu’il faille faire appel à d’éminents penseurs pour aller à l’encontre de tant de lâchetés péremptoires visant à annihiler tout débat en particulier sur les réseaux sociaux ? 
« Chacun s’y cherche des ennemis déclarés, tout le monde y fuit les contradicteurs loyaux. » 
Une occasion de respirer, car  
« nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument  raison »  
comme disait Camus qui en a vu bien d’autres.
Manuel de premier secours particulièrement indispensable en ces temps haineux, il plaide pour la littérature, l’humour, le respect du contradicteur, contre le déni des réalités, et recommande de garder la conscience de notre inconscient et la volonté d’échapper à la sacro sainte crainte de « faire le jeu de l’adversaire ». 

2 commentaires:

  1. Tant d'incertitudes dans le monde... Au moment même où on se dit qu'on a trouvé une boussole, le sol se dérobe sous nos pieds.
    Pour la haine sur Internet, je me dis des fois.... que notre intolérance intolérante envers toute forme d'agressivité, que nous nous empressons de trouver chez nos interlocuteurs grâce à une grande susceptibilité, ne laisse que le virtuel comme lieu pour "respirer" un peu devant tant de pression "civilisatrice" pour faire de nous de "bonnes personnes" sans dents 24h/24. Des chamalows en puissance ? Sans colonne vertébrale, même ?
    Et je me souviens de la citation de Dante dans Szasz qui parle du voyage en enfer, ou Dante, passant à côté d'un coin où il entend force pleurs et grincements de dents demande qui est là, pour entendre que ce sont des vestibulaires, ceux qui ont refusé de prendre parti dans le combat épique entre Dieu et Lucifer. Sans doute voulaient-ils rester... neutres. Objectifs ? Virgile dit à Dante que l'enfer ne veut pas des vestibulaires parce qu'ils donneraient trop d'espoir, de crédit, aux damnés par leur présence en enfer. Mais le paradis n'en veut pas non plus, car ils sont... ternes. Comme le gris industriel de la raison raisonnante ?
    Il se pourrait bien que je finisse comme vestibulaire, n'en déplaise. J'en suis consciente.
    J'ai déjà du raconter cette citation de Dante. Elle m'impressionne beaucoup... et m'interroge.
    N'y aurait-il pas des moments où il faudrait bien que nous prenions parti ? Pour sortir du vestibule ?
    Et puis, pour les combats... j'ai remarqué à quel point nous n'arrivons pas du tout à faire un jeu de ces combats. Combien nous n'arrivons pas à faire du jeu. Pourquoi faut-il que ces combats... virtuels soient sanglants... pour ceux qui se sentent annihilés par les combats ?
    Pourquoi tant d'insistance sur "l'irrémédiable, forcément irrémédiable" traumatisme, plutôt l'évitement de tout traumatisme possible, au point même d'étouffer la vie en nous ? Serait-ce le problème majeur, notre incapacité de faire d'une attaque une pirouette ? Une escarmouche ?
    Je regrette à l'heure actuelle notre incapacité à jouer, à faire du jeu... DANS LA VIE. C'est éperdument triste.
    Et ça dépend de qui ?
    Pour l'incapacité à faire du jeu, je signale à mes lecteurs ici ( ;-) ) qu'une société puritaine, telle que la société américaine, regarde le jeu avec beaucoup de soupçon, comme quelque chose de diabolique, induisant la dissipation.(Et quand je parle du jeu, je dis le jeu d'adultes, qui ne se résume pas aux jeux de sociétés...)
    Je sais qu'en France, il y a des personnes qui se félicitent d'avoir évacué Dieu de leur conscience, mais... pour moi, nous sommes actuellement sous un... régime où nous avons gardé tous les inconvénients de Dieu, en bazardant les avantages d'être croyant. Logique... pour la raison raisonnante. C'est fou comment on peut faire pour AVOIR raison, et.. ETRE bête...
    A mon avis.

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  2. Il y a parfois plus de courage à faire valoir la modération que d'hurler avec les loups.

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