Pour évoquer la conquête de Mexico au temps de Charles Quint,
les cinq personnes présentes sur le plateau ont un papier à la main quand ils
interviennent pour souligner que leurs mots proviennent à la fois des écrits de
Cortès et des Aztèques.
Certaines séquences énigmatiques rapprocheraient
ce théâtre sans réplique des performances de l’art contemporain dont le
symbole serait le cadre d’un paravent aux panneaux vides au centre de la scène.
Pour mieux suivre les
recherches déconstructivistes actuelles, l'intitulé de ce "Biface" pourrait préciser : « documentation pour jouer à notre façon», comme je
viens de le voir à propos du festival pour enfants du Grand Bornand « cirque
théâtralisé et musical » ou « jonglerie comique et
visuelle ».
Nous avançons parfois vers la disparition du spectacle vivant à force de voix off, de
juxtapositions de fragments, où le public peu nombreux pourtant en ces instants
de reprise est tenu hors du coup s’il ne fait pas partie des initiés.
Une conférence historique peut mieux
éclairer les riches heures du colonialisme
En ce qui concerne la confrontation claire de deux récits, il y a eu au
musée du quai Branly en 2015, une exposition remarquable mettant en
parallèle, au Pérou, l'Inca Atahualpa et le conquistador Pizarro.
Afin de rendre compte un peu de ces deux heures, à la façon de
ceux qui ne voient dans un match de foot que 22 gars en short courant après un
ballon, j’aurais voulu m’amuser à énumérer quelques images suivant la froide procédure
descriptive des médiateurs des FRAC. Mais ma subjectivité prend le dessus et
décrète que des scènes fortes alternent avec d’autres que je n’ai pas comprises.
Un acteur trace une figure en sable qu’un autre balaiera, un homme enlève ses
habits en obéissant à son partenaire, l’un d’eux est entouré de ruban adhésif collé à une table de camping, manière de signifier la fixité de certaines
représentations, une autre fois un acteur évoque Moctezuma,
le roi Aztèque, habillé comme le christ d’un seul perizonium
(« étoffe qui cache la nudité du corps du Christ dans les représentations
de la Crucifixion »)… une bite de tissu se gonfle, des corps sont trimballés et des souliers claquent …
La sauvagerie de ces temps dits Renaissance, accentuée par
les incompréhensions réciproques mêlées d’admiration, se retrouve jusque dans
le récit saisissant de la mort atroce du tout puissant roi Philippe II. Les habitants
du nouveau monde qui n’avaient jamais vu de chevaux confondaient les canons
ennemis avec de grandes trompettes.
Je retiens le dernier mot de Cortès. Il est fort, et fort beau...
RépondreSupprimerIl résume bien le monde dans lequel on vit... Peut-on construire sans détruire préalablement ?
Mais on n'est pas obligé d'aimer la destruction...
Je trouve qu'il est heureux qu'on ne soit pas immortel, et ne comprend pas tant de désir de l'être..