samedi 12 juin 2021

Légende. Philippe Sollers.

L’ouvrage ne comportait que 120 pages : il était temps pour moi d’aller au-delà des interventions médiatiques pour connaître un des maîtres de la littérature française. Hélas je n’ai pu que confirmer la suffisance du dandy alors que le même mouvement qui m’avait fait dédaigner l’image de BHL avait été détrompé par son écriture.
Son monde s’effondre, c’est que le monde s’effondre, Artaud le disait déjà en 1936 : 
« Ce monde n’est pavé que d’intrus qui n’apportent rien, qui n’ont rien à produire, et où on entend ressasser autour de soi que des redites sordides de tout. » 
Excusez-nous messieurs, on vous laisse à vos déplorations - j’ai les miennes - puisque « plus personne n’écoute et ne lit vraiment. » Y a-t-il encore quelqu’un qui écrit ?  
En retournant à ces œuvres perverses, j’essaye d’accrocher quelques mots au défilé des citations. Hugo est à l’écoute de ses murs frappeurs, quelques chinois s’expriment sur le silence et des alchimistes ressurgissent, entre quelques avis concernant la GPA, le virus. 
« Le futur disparaît sous nos yeux, le présent ne s’appartient plus, mais le passé pour qui veut, brille de toute sa force » 
A cela s'ajoute une pincée de Poussin, le « fourmillement des réseaux sociaux », Mozart, la lunette astronomique offerte par son papa, Rimbaud, Mallarmé et Manet, les fake-news, et le pauvre pape :  
« Mais, au fond, qui est davantage baleine blanche qu'un pape tout en blanc ? »
Parmi ces courts chapitres parlant légèrement d’un peu de tout, une amorce de fil d’Ariane consiste en l’évocation d’un amour de jeunesse retrouvée mariée à une autre femme et qu’il fait jouir de temps en temps. Elle s’appelle Daphnée pour laquelle Le Bernin eut plus de délicatesse pour évoquer sa rencontre avec Apollon.

 

1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais eu la moindre affinité pour Philippe Sollers.
    En lisant ce que tu écris plus haut, je me dis..
    Montaigne a peut-être inauguré (en français, mais sur les pas d'autres) toute une tradition de parler de soi, une tradition confessionnelle, en quelque sorte, mais que vaut la confession.. publique, finalement ? Et si... en sortant la confession du confessionnelle, on l'avait profondément dénaturée, et, en plus, amputée de sa valeur de confession ? Si la confession est publication de soi, que vaut-elle comme confession ?
    C'est intéressant, car j'ai relu un livre d'un médecin généraliste suisse chrétien, écrit autour de 1940 à un moment où il avait une bonne pratique de médecin de famille (ça n'existe plus maintenant. Ni les médecins de famille, et bientôt ni les familles ? "on" met la pression pour que ça n'existe pas, je le vois). Tournier fait remarquer à quel point la confession, la vraie, en pleine lumière et conscience a une puissance fulgurante pour transformer l'être humain. Celui qui se confesse, comme celui qui l'écoute, d'ailleurs, en sachant que, dans la plus pure tradition, le prêtre est médiateur, et la confession se fait DEVANT DIEU (d'où on voit quelque.. UTILITE à la transcendance, quand même).
    En tant que médecin de famille, Tournier a été le vecteur d'un certain nombre de... CONVERSIONS, et cela veut dire le fait de changer de vie. On pourrait dire, si on voulait, que le fait d'arrêter de fumer POURRAIT ETRE une conversion. Pourquoi pas ? Le monde change quand on peut penser l'arrêt du tabac comme une conversion. Pour moi, le monde change... en mieux. Je n'ai pas de problème pour juger maintenant. Ni pour dire que je juge.
    Bien sûr, la confession suppose déjà de pouvoir accéder à une.. conscience de la culpabilité. Cela aussi est utile. Utile sur tous les plans, et utile... pour la collectivité.
    Je suppose que comme toujours, on pourrait me faire le reproche de l'hôpital qui se moque de la charité. Peut-être. Mais mes ambitions d'auteur sont beaucoup plus modestes que celles de Philippe Sollers, je crois.
    Mille fois oui pour Le Bernin. Ado, j'ai passé des heures à rêver en adoration devant une reproduction de cette sculpture qui est un des chefs d'oeuvre absolus de notre civilisation.
    A mettre en parallèle avec l'ouverture des "Métamorphoses" où Ovide déploie avec une virtuosité vertigineuse la rencontre d'Apollon et Daphné. A faire pleure de beauté.
    Je doute que Sollers puisse me faire pleurer de beauté, et de grâce, même si une certaine légèreté à la Watteau ? a ses charmes. Mais... Sollers est-il aussi léger que Watteau ?
    J'en doute...

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