vendredi 11 juin 2021

« Montjoie Saint Denis ».

Les folkloriques éclairent parfois la scène : des nostalgiques du temps des rois capétiens viennent de s’en prendre au président de la République, à sa figure.
Mais les offusqués dans la minute, dont Mélenchon qui criait: «  la République, c’est moi ! » n’ont pas seulement contesté la fonction prépondérante du chef de l’état sous la V°, ils ont contribué jour après jour à son affaiblissement.
Sur le coup, le populiste qui vient de jouer au complotiste, avait raison. Bien que l’acteur tellement souvent dans la véhémence disqualifie la sagesse de ses mots : tout parlementaire doit être respecté. Toute personne est sacrée. Et dire qu’au XXI° siècle, il faille aligner de telles banalités, quand les mesures barrières sont impuissantes face à la haine.
L’option républicaine ne va pas tout de même pas devenir aussi obsolète que l’opinion royaliste !
Pour m’être épargné bien des gloses gourmandes qui ont fleuri au sujet de la perte de prestige des fonctions électives, je ne peux cependant m’éviter de me rebiffer face à une façon de réagir qui ignore la distance symbolique et le second degré. J’évite l’expression « façon de penser » puisque celle-ci suppose recul, examen, mise en bouche.
L’interdiction de la fessée a été promulguée le 10 juillet 2019, et une violence crue atteint le premier des gouvernants. Le frappeur dont « la tête est près du bonnet » avait sûrement compris « Jupiter » sur le mode comique, façon « Manu tu descends !» Il y a belle lurette que  le journal « Le Monde » titre "Mitterrand" et non plus "M. Mitterrand".
Les inconsolables de la perte de la tête de Capet vont peut être faire en sorte de réhabiliter le bonnet phrygien pour coiffer les crânes qui n’admettent pas toutes ces régressions dans nos démocraties.
Ensevelis sous les anecdotes, nous passerons vite à d’autres prises de tête et de bec - alouette - après quelques blagounettes périssables qui ébranlent parfois mes convictions concernant l’inconditionnalité de la liberté d’expression.
L’essoreuse à mémoire recrache par exemple les duettistes Pleynel et Bourdin lors de leur tentative d’abolir la distance journaliste / politique : ils donnent sans cesse des leçons mais n’en retiennent guère. Et les effigies qui flambaient aux carrefours ont moins ému qu’un Valbuena en carton pendu dans les travées du vélodrome. Quant aux faits divers de permanences de parlementaires brûlées et élus menacés, ils étaient éminemment politiques et inquiétants.
Même si la formule de Bertolt Brecht en 1941: « Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde » a été trop citée, elle est plus vraie que jamais et depuis le temps accable nos impuissances. Les bêtes aux multiples visages grouillent, se dépèchent. 
Aveuglés par le fluo des gilets jaunes, les encenseurs en livrée n’ont plus vus qu’eux et ont mis le référendum à toutes les sauces, ils ont bien peu valorisé les représentants du peuple. Dès le verdict des urnes connu, la légitimité du malheureux élu est contestée : pourtant si loin de Piolle, je ne finasserai pas sur le fait qu’il a été réélu avec moins de voix que la première fois : c'est que tout simplement, ses concurrents n’ont pas été convaincants.  
« La République affirme le droit et impose le devoir. » Victor Hugo

1 commentaire:

  1. C'est que... quand on parvient si difficilement à différencier premier et second degré, quand on ne sait plus quand les mots sont à prendre à la lettre, ou au figuré, c'est que...la représentation est en échec, cher ami.
    Et quand la représentation est en échec, qui trinque ? Sous la République, les REPRESENTANTS du peuple trinquent, et sous la monarchie... le roi, en tant que représentant d'une autorité divine.
    Quand la représentation est en échec, aucune forme de gouvernement ne peut tenir debout. Nous devenons ingouvernables, non ? En tout cas, peut-être ingouvernables par nos propres moyens, en sachant que le Covid arrive à point pour faire fuir les gens derrière leurs portes, et les sortir de la rue, lieu de contestation publique par excellence. Est-ce que des fois... ce serait la démocratie, si chère aux Athéniens, qui l'ont expérimenté à leurs dépens ?
    En passant, je lis Tocqueville, "L'Ancien Régime et la révolution", et la centralisation administrative de la France, avec le pouvoir... tout le pouvoir, confisqué sur le plan local pour aller entre les mains de l'administration royale à la capitale, date de l'Ancien régime. Les rois de France ont été largement responsable, en démantelant un système..féodal, de la perte de beaucoup de libertés... locales.
    Donc, pas de nostalgie pour la royauté française. La seule chose que je puisse lui accorder, c'est que son monde me semble plus.. beau, plus noble, un peu plus gracieux que le côté ras-les pâquerettes qui caractérise l'architecture sous toutes les républiques, d'ailleurs (et même.. Florence).
    A architecture ras-les-pâquerettes, esprits ras-les-pâquerettes ? Le règne du peuple... est forcément un règne.. VULGAIRE ? Peut-être.
    Mais on ne me fera pas croire que le peu d'enthousiasme avec lequel le peuple se rend aux urnes pour élire des représentants, et pas beaucoup de peuple, confère une légitimité... suffisante à ceux qui sont sortis du lot.
    Comme on ne fera pas taire mes interrogations sur les réels ? pouvoirs qu'a le Président de la République en ce moment sur le champ économique en France, en raisons de structures supranationales.
    Ces interrogations desservent la République française, et ne peuvent que la desservir. Pour... tous.
    Mais si on parle d'Emmanuel Macron comme Jupiter... c'est que Rome est vraiment dans les têtes, à mon avis...
    Normal. On fait beaucoup de choses pour que Rome soit dans les têtes, et pas la Rome de Saint Pierre non plus.

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