Les témoignages sont ceux des vainqueurs, ne manquant pas
cependant de se contredire. Les dénominations telles que le titre d’ « empereur »
sont européennes, comme la chronologie qui avait moins de sens pour les mésoaméricains
que leur mythologie.
Après une migration depuis le nord du Mexique, leur empire
n’aura duré que 200 ans, jusqu’en 1525. Chasseurs cueilleurs, ignorant la roue,
dépourvus de bêtes de somme, leur brillante civilisation concernera 20 millions
de personnes.
Dans un territoire inhospitalier, au climat très humide sur les
côtes, très sec sur l’altiplano, fuyant d’autres tribus hostiles, ils
développent leur capitale Mexico-Tenochtitlan sur une île au milieu du lac Texcoco où ils cultivent le maïs sur des jardins flottants.
L’agglomération
de 200 000 habitants, à l’architecture sophistiquée aux temples de pierre,
animée par des marchés immenses, est alors bien plus importante que les villes européennes.
Hernán
Cortès né en Estrémadure en 1485, est un « grand
d’Espagne », cousin de Pizarro qui aura affaire avec les
Incas. Destiné à devenir notaire, nourri de lectures
chevaleresques, il choisit la carrière militaire qui aurait pu l’amener en
Italie mais il arrive à Hispaniola (Saint-Domingue) à sa première traversée, plus de vingt
ans après les quatre voyages de Christophe Colomb qui peuvent illustrer le
terme « sérendipité »,
puisqu’il avait cherché une chose, les Indes, et en avait trouvé une autre : le nouveau
monde.
A l’Université de Salamanque, il avait eu accès à des cartes marines, apanage des
portugais, appelées portulan (de l'italien portolano, livre d'instructions nautiques).
Devenu maire de Santiago
de Cuba pour avoir accompagné dans sa conquête de l’île le représentant
de Charles Quint Diego Velázquez de Cuéllar, Cortès repart vers le
Mexique et depuis Veracruz (la vraie croix) qu’il a fondée, à la tête de 200 hommes,remonte vers Mexico
après avoir détruit ses vaisseaux.
Ces bateaux vus par
les autochtones comme « des tours, des montagnes flottant sur l’eau »
avec leurs voiles comme « des aigles volant dans le lit du
vent ».
Sa traductrice, La
Malinche, ancienne esclave, sera la mère d’un de ses enfants, elle lui
apportera de précieuses connaissances qui lui permettront de se
présenter sous sa brillante armure comme un descendant du Quetzalcóatl, le serpent à plumes.
En
chemin, par le fer et le feu, il va vaincre les Tlaxcaltèques, impressionnés
par les chevaux de leurs agresseurs. Il s’en fera des alliés précieux.
Un peu
plus tard, accueilli aimablement par les Aztèques, mais pensant à une ruse, Cortès
attaque avant d’être attaqué: 20 000 habitants de Cholula sont massacrés.
Beaucoup d’illustrations de ce texte sont tirées de Codex
dont celui dit de Mendoza du
nom du commanditaire, vice roi de la Nouvelle Espagne et réalisé par un scribe
indigène. Sur la première page figure la représentation de la fondation
mythique de Tenochtitlan qui se retrouve au centre du drapeau mexicain.
Un aigle indique où s’installer en se posant sur
un figuier de Barbarie dont les fruits rappellent le cœur des humains
sacrifiés.
« Pour Soustelle,
la mission du peuple du Soleil consistait à repousser inlassablement l’assaut
du néant. À cette fin, il fallait fournir au Soleil « l’eau
précieuse » (le sang), sans quoi la machinerie du monde cesserait de
fonctionner. » Wikipédia
La pierre du soleil,
connue sous le nom de « calendrier aztèque » représente la cosmogonie
d’alors et mentionne 360 jours plus 5, elle servait de réceptacle aux
sacrifices.
En buste à l’extérieur du temple de Teotihuacan,
ou en bijou
de jade à double tête, le serpent est omniprésent.
Moctezuma comble de cadeaux Cortès de cet or qui avait
motivé tant d’aventuriers en quête de l’Eldorado, mais au bout de quelques mois
il se retrouve prisonnier en son palais. Il est pris en otage pour protéger le
retrait des espagnols après le massacre du Templo
Mayor.
Fut-il lapidé par ses compatriotes ou tué par les
colonisateurs ? Il n’était pas parvenu à calmer son peuple.
Bernal Díaz del Castillo participa à tous ces évènements et ses écrits constituent de précieux
témoignages.
Lors de l’épisode connu sous le nom de La Noche Triste
(la triste nuit) les espagnols fuient la lagune après avoir subi des pertes
considérables.
Ils frôlent l’élimination complète lors de la bataille d’Otumba
qu’ils remportent miraculeusement, puis reviennent avec des renforts, assiéger
Mexico pendant 75 jours. Les habitants privés d’eau, mangent les cadavres et
les murs de leurs huttes, décimés par une épidémie de variole, ils doivent se
soumettre.
L’or des aztèques a contribué à la suprématie de l’empire de
Charles Quint « sur
lequel le soleil ne se couche
jamais ».
Quand le président du
Mexique Obrador a demandé récemment des excuses à Madrid, la réponse n’a pas
tardé : «Le gouvernement d'Espagne
regrette que la lettre envoyée par le président mexicain à sa majesté le roi,
dont elle rejette fermement le contenu, ait été rendue publique… L'arrivée, il
y a 500 ans, des Espagnols sur le territoire mexicain actuel ne peut pas être
jugée à l'aune de considérations contemporaines».
Très intéressant. Je sens que tu es très prudent dans ta manière de rendre compte de tout ça, très mesuré, et ça me soulage de ce qu'on peut entendre habituellement en ce moment.
RépondreSupprimerJe serais très curieuse d'entendre comment on pouvait rendre compte de cela à l'époque. Cela doit être très instructif. (Cf. Diàz del Castillo)
L'idée de sacrifier (quoi que ce soit, d'ailleurs...) afin de repousser le chaos me semble révéler un fondement mélancolique à cette civilisation. La conscience humaine va-t-elle de pair avec l'expérience mélancolique ? Peut-on échapper à la mélancolie ? Ne s'impose-t-elle pas à force d'observer le passage du temps, et le mutatis mundi (avec sa propre mutation qui ne fait pas plaisir... A LA LONGUE...) ?
Merci.