Je place cette auteure au plus haut depuis le partage
pudique, profond et original de son chagrin après les assassinats de
Charlie.
En 90 pages elle traite de la nature et de la culture non en
les opposant mais en les réconciliant à travers de tendres souvenirs d’enfance.
Au Louvre :« Je découvrais
ces lieux, ces œuvres, ces vestiges, ces peintures, et étrangement, il me
semblait les connaître depuis toujours. Le feuillage des arbres de Corot, les
bosquets de Fragonard, les buissons de Watteau, la campagne de Poussin, c'était
mon jardin, mes paysages... mes grands espaces. »
Si je ne suis pas d’accord avec son indignation devant la
multiplication des lotissements qui permettent de loger des personnes qui n’ont
pas forcément les moyens de retaper une vieille ferme comme ses parents ont pu
réussir à le faire, je la suis pas à pas quand elle participe à la journée où
l’on tue le cochon, ou quand avec sa sœur, elles font musée de tout ce qu’elles
découvrent.
L’humour évite toute nostalgie et mièvrerie mais traite de
l’évolution de la campagne avec une efficacité qui n’oublie pas les nuances. En
dehors de l’harmonieuse famille qui plante des rosiers de chez Montaigne ou
baptise un chêne « Swann », les habitants du village ne sont pas
jugés comme des bêtes curieuses, ce qui lui permet de dénoncer avec vigueur les évolutions des techniques agricoles
qui ont arasé les haies et artificialisé les sols.
Par Grimal, j'ai appris l'importance du jardin pour notre civilisation. Les Romains, aussi loin qu'on puisse aller dans l'Empire, ont gardé la nostalgie de leurs origines... champêtres, et pastorales. Ils ont été transportés par la découverte du "jardin" orientale qui était effectivement pensé comme un paradis (et on peut comprendre quand on songe aux oasis). Et ils ont emprunté cet amour des jardins dans leur civilisation qui est toujours... la nôtre.
RépondreSupprimerTon auteur me semble intéressant. Le dessin a la délicatesse des dessins de Sempé. En demi teinte.
Une rareté pour notre époque... une résistante ?