« Lorsque la
mémoire était la seule écriture, l'homme chantait.
Lorsque l'écriture
naquit, il baissa la voix.
Lorsque tout fut mis
en chiffres, il se tut. »
Ce grimoire électronique personnel que vous croisez, me fournit un refuge pour douter à loisir, et me
permet d'essayer de moins intervenir dans les discussions de vive voix. A l’oral,
terrain des certitudes, je continue cependant à marquer mes désaccords avec les
abstentionnistes par exemple.
Même si c’est le ressentiment qui peut faire gagner une
élection, il n’y a pas d’autre issue démocratique que la légitimation par le
vote.
Pourtant avec tous ceux qui
contestent sans cesse le verdict des urnes ça commence à faire du monde, un monde à l’horizon bouché comme
le ciel de New Delhi, quand les inquiets à propos du devenir de la planète
rencontrent dans les cortèges les frénétiques du « toujours plus »,
les opposants au nucléaire et ceux qui sont contre les éoliennes, les
adversaires de la mondialisation qui vivent de l’exportation et les
réformateurs qui ne veulent pas de réforme…
Les porteurs de couteaux, incendiaires et autres
profanateurs prennent la suite sur nos écrans qui masquent, au creux de nos mains, nos lignes de vie.
Pour avoir trop tendance à aimer tirer des considérations
générales à allure politique, nimbant de grands mots quelques anecdotes, j’aime
mettre en avant mes incertitudes.
Je ne me sens guère la capacité de disserter à propos de la
Catalogne quand je ne savais que penser de celui qui me coinçait à un
rond-point. Même sur le terrain de l’école qui me fut familier, je ne m’avance
plus trop face aux attaques contre la laïcité, hésitant quant à mes
fondamentaux.
La mère d’une victime de Mohamed Mehra qui milite dans les écoles contre les
fanatiques religieux a la tête couverte, mais qui peut dire « le voile
est souhaitable » juste pour contredire Blanquer lorsqu’il avait avancé : « le voile n’est pas
souhaitable dans notre société » ?
Sylviane Agacinski ne peut s’exprimer dans
une université : la maigreur des indignations est préoccupante.
Les Lumières combattaient les superstitions, lesquelles ont
gagné ?
Dieu est mort pour certains, mais le diable a de belles
nuits devant lui, au moment où les mensonges se nomment vérités alternatives et
que la distinction du bien et du mal ayant déserté les préaux va se chercher
dans quelque désert syrien.
« Le Gorafi » est devenu une référence plus
familière que « Le Monde » et le « n’importe quoi » plus
sympathique que la complexité.
Le roi nu, n’est pas ragoutant et rappeler le montant de la dette publique bien peu agréable à entendre.
« Un mensonge qui
fait l'affaire vaut mieux qu'une vérité qui l'embrouille. »
Le proverbe est persan, si Trump le savait ! Mais ses
« fake » n’ont même pas besoin de faire l’affaire.
Depuis que Capet a perdu la tête, beaucoup se sentent roi,
confondant les faits avec leur opinion. Libres disent-ils, tout en ne sachant pas se confronter avec
ceux qui ne seraient pas de leur avis : d’où les niches, les
ghettos.
Le sentiment d’insécurité se confondait avec l’insécurité, mais
le sentiment d’être une victime devient tellement massif que l’on ne sait plus
voir les vraies victimes.
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Dessin de "Courrier international" de Cau Gomez Brésil
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Dessin de "Courrier international" de Cau Gomez Brésil
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