Appâté par une critique de Libé qui s’était mis à la hauteur
du livre, j’en ai acheté deux et je ne me suis pas trompé.
« Tout à l’heure
nous avions traversé un village polonais, triste comme une assiette en fer
qu’on n’a jamais lavée. »
Implacables destins de trois soldats allemands et d’un jeune
juif qu’ils ont capturé dans la forêt en Pologne.
« Nous avions
l’habitude, nous savions ce qui nous attendait, et pourtant le froid nous
surprenait toujours. On aurait dit qu’il rentrait par les yeux et se répandait
partout. Comme de l’eau gelée qui serait passée par deux trous. »
Pour faire fondre la neige, chauffer une soupe tellement
attendue, ils vont brûler les chaises, l’étagère, la porte de la resserre où se
blottit leur prisonnier.
Nous entrons avec eux dans cette pauvre maison avant leur
retour au camp, et nous en ressortons glacés.
« Pourquoi le
lieutenant Graaf avait-il besoin de nous rassembler dehors ? Ne
craignait-il pas le froid lui aussi ? Ce qu’il avait à nous dire, nous
aurions pu aussi bien l’écouter au chaud, debout devant nos lits de camp. Sans
doute ne trouvait-il pas assez solennel de nous parler à l’intérieur du
gymnase. Il avait fait suspendre une plaque en fer à un poteau téléphonique, et
le bruit qu’elle faisait, lorsqu’il frappait dessus, ce tintement sinistre,
nous le haïssions plus que le froid qui nous attendait dehors. Nous n’avions
pas le choix, nous obéissions à un ordre, mais il en fallait n’empêche du
courage pour sortir par un temps pareil. »
La barbarie, et des éclairs d’humanité dans les gestes
élémentaires, fumer, creuser une cuillère, apercevoir un cristal de neige tricoté sur un
bonnet.
Je ne vais pas tout recopier, le livre n’a que 130 pages et
l’essentiel est dans chacune d’elle.
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