350 pages de reportages photographiques depuis des clichés
de l’apartheid en 1985 par un américain dont le pays venait de donner le droit
de vote à tous les noirs vingt ans auparavant jusqu’aux images de Syrie avec
une vieille qui tricote des drapeaux et un combattant déserteur de l’armée qui
brandit sa carte d’identité : elle n’est pas floutée.
Chaque sujet approfondi est passionnant mais la
juxtaposition des « mangeurs de fer » qui dépècent les bateaux hors
d’usage au Bengladesh et des détenus sur une île en Norvège accentue encore la
distance de nos univers. Pour ceux qui opèrent sur la ferraille à mains nues
dans des conditions dantesques, l’un d’eux qui refuse tout apitoiement dit :
« Parfois nous
faisons exprès de mourir pour prouver que nous sommes encore en vie ».
La misère me semble-t-il, est bien plus chez cette ancienne miss en Californie qui ne parviendra
pas finalement à se faire construire la plus grande maison du monde que chez ce
ferronnier qui saisit avec un petit appareil compact la vitalité de ses six
enfants jouant dans la boue autour d’une maison sans électricité ni eau.
La biographie en photo de Dilma Roussef qui dirige le Brésil est palpitante :
quelle femme !
Une foire aux chevaux en Irlande, les destins divers de
trois jeunes filles à Pékin, une école de moines bouddhistes en Birmanie,
l’itinéraire d’un photographe russe qui a passé sept ans en Irak, en sympathie avec ceux parmi lesquels il
travaille, comme celui qui suit un vétéran jeune revenu d’Irak ou cette jeune
femme revenue dans sa ville natale jadis capitale de la chaussure et des
champions de boxe… Autant de points de vues font de ce numéro 4 un ouvrage que
l’on a envie de partager.
"Parfois nous faisons exprès de mourir pour nous prouver que nous sommes encore en vie"...
RépondreSupprimerOui, ça me parle, ça.
Quand j'entends : "ne fais pas ci, ne fais pas ça, c'est DANGEREUX", j'y pense de plus en plus. Car j'entends "c'est dangereux" à longueur de journée...
Pour les pauvres, il est si difficile de ne pas faire du romantisme avec la pauvreté. Si difficile aussi de ne pas vouloir leur bien, à leur place, par la même occasion, je trouve, en diabolisant la pauvreté...
On a du pain sur la planche dans nos coeurs individuels.
Bonnes fêtes.