Rochette, épuisé au moment où il terminait cet album - « mon
Himalaya » disait-il - avait dû être évacué en hélicoptère.
Il s’éloigne du milieu du huitième art pour revenir au 3e art
: la peinture d’après la classification où l’architecture est en premier devant
la sculpture.
« Suite à l'affaire Bastien Vivès,
puisqu'on me cite sans me nommer « cloué au pilori », on vient de m'envoyer en
message privé une tribune (Les raisons de la colère) qui voudrait que la bande
dessinée soit maintenant encadrée par un manuel du politiquement responsable,
en d'autres termes ça s'appelle une surveillance de l'édition par des
commissaires politiques. Je ne pense pas que les gens qui répandent un tel
concept répressif savent de quoi ils parlent, ni des dangers que cela
représente pour la création, c'est la seule et maigre excuse qu'on peut leur
trouver. Je vais me tenir le plus éloigné possible d'un milieu où de telles
idées peuvent germer. … Je vais me consacrer dorénavant à la sculpture et à la
peinture, j'ai un immense besoin de liberté pour mes dernières années. Nous
nous sommes tant aimés. »
Et
pourtant ce qu’il expose en 240 pages
est tout à fait correct : éloge de l’animalité, de la nature vierge, face
à l’humanité guerrière et à la méchanceté des conformistes envers les marginaux,
les femmes libres…
C’est d’ailleurs ce qui mettrait quelque bémol à mon
admiration : le rabaissement de la nature humaine, il est vrai souvent
violente et injuste, devenu tellement prégnant que certains souhaiteraient
voir la terre débarrassée de leurs semblables, hormis une compagne ou un
compagnon, un jardin et des poules.
La rencontre, pendant cette sinistre époque de la guerre de
14, d’une gueule cassée et de sa réparatrice est riche : nous apercevons
Soutine et Pompon à Montmartre et retraversons le Vercors sur les traces de la
dernière ourse.
Les 240 pages lues dans un souffle, dans de superbes couleurs, au découpage dynamique, sont captivantes.