« A vouloir
démontrer l’inexistence de Dieu, l’homme n’a pas vu la sienne. »
Un ami pense lancer la carrière du narrateur à partir d’un
livre qu’il n’a pas écrit.
Dans les années 70, le dénommé Palumbo démissionne le jour
où il est élu à la tête d’un parti politique sensé renouveler le paysage
intellectuel transalpin.
« Ce communisme
new age avait vécu. Deux heures et quart pour être précis. »
Il s’établit comme vendeur de canapé pour mieux observer
« l’homme moyen ».
Cette démarche déjà testée en Chine où les intellectuels
étaient invités aux champs pouvait renouveler la réflexion sur la fracture
sociale de par chez nous.
Mais rien de probant n’apparaît dans ce récit de 187
pages avec quelques formules désabusées :
« Souvent, il usait de son charme comme
d’une allumette humide qui, frottée dix fois, ne prend toujours pas. »
Il a perdu ses
illusions, il s’écrit à lui-même:
« La moitié de
l’humanité est prête à remplacer l’amour par des parcs d’attractions, la beauté
par la chirurgie, les pâtes par les nouilles, les écrivains par les
journalistes. »
La littérature pourrait être un recours :
« Stendhal, c’est
inégal en fait de style, de caractères et d’intérêt, mais c’est un observateur
à l’œil millimétrique, c’est un désenchanteur de première bourre, un railleur
exceptionnel, un maître du scepticisme. »
Mais même Rome, issue de tous les chemins, se voit
maltraitée :
« Rome
n’est pas seulement ignoble et excrémentielle, elle est aussi inauthentique.
Sa
« décadence » et sa « chute » sont des crâneries
d’historiens, des tics d’écriture, des vanités d’éditorialistes impatients de
placer leurs conclusions sur l’Occident. »
Cette errance désincarnée, dépressive, ne nous donne aucune
nouvelle de la ville éternelle, mais réussit son pari d’une approche de
l’inexistence.
« Se trouvent
dans les romans non advenus, l’éloquence et l’émotion qui manquent si
sadiquement à la littérature une fois qu’elle est imprimée. Le roman, en tant
que roman se dérobe toujours. Et l’on devine quel avantage il y aurait dans le
privilège d’être un romancier qui n’a rien écrit ! »
A lire de nuit, dans
une salle vide, peinte en blanc d’une FRAC, qu’il ne sera pas utile d’éclairer
pour exciter malgré tout notre pensée.
LOL.
RépondreSupprimerJe trouve qu'un des problèmes de l'écriture en ce moment, un des problèmes des livres (du Livre ?) est le trop grand nombre d'aspirants à publier.
Publier notre désenchantement... Ho hum. Même avec un style extraordinaire, le désenchantement ne nous enchante pas. Il faudrait... tourner la page sur le désenchantement, non ? Il a vécu ?
Et si... le désenchantement était péché ? Et si... nous avions un minimum de contrôle sur tous ces épanchements ? Et si le fait de ne pas publier notre désenchantement nous rendait un peu plus de consistance dans nos existences ? Un peu plus de conséquence, et de.. pouvoir dans nos vies ?