L’oxymore « collision
douce » mentionné au bout de 343 pages, rejoint le titre à comprendre comme une complicité, à l’image de
l’insulte « enfoiré » devenue une tendresse.
Pour aimer les paradoxes, les contradictions, me voilà sur la
piste déjà encombrée des révulsés par l’auteur après ses déclarations au moment
des assassinats de Charlie et qui ont fini par apprécier ce livre pourtant trop
promu.
« Les mecs qui
m’ont le mieux baisée sont toujours ceux qui m’ont fait le plus de mal. »
Un écrivain jeté en pâture sur les réseaux sociaux par son
attachée de presse qu’il avait harcelée entretient une correspondance avec une
actrice de 50 ans.
La brusquerie initiale de leurs premiers mots aurait pu
couper court à tout échange, mais leurs monologues juxtaposés conservent quelque
verve pour aborder les thèmes violents tapissant nos quotidiens.
Les féminicides :
« Tous les deux
jours la nouvelle d’un patron qui aurait tué son employé.
On se dirait ça va
trop loin. »
Les drogues :
« Je
m’effiloche, je suis incapable de rester concentré, le moindre truc me
pulvérise. »
La notoriété :
« Elle crée le
vide autour de toi. Tu prends tellement de place que ça devient gênant. »
La désintoxication :
« J’en ai marre de la sincérité. J’ai
juste envie d’être un gros con. D’avoir mauvais esprit. De détester les
gens ; de les mépriser. De prétendre qu’ils sont la cause de tous mes
problèmes. »
Les images étouffent la musique :
« … La gueule
tatouée tout défoncé qui fait du hip hop de gamins gros cernes à la fois super
doux et smooth codéine et à la fois déglingué dérangeant désolé avec une
séduction enfantine. »
Le féminisme :
« Les hommes,
nous ne les avorterons pas, nous ne les priverons pas d’éducation, nous ne les
brûlerons pas sur un bûcher, nous ne les tuerons pas dans les rues… »
Les personnages sortis de leurs dépendances évoluent sous le
couvert de leurs papotages pimentés ou insignifiants, sincères ou de mauvaise
foi. Leur l’hostilité tourne à une amitié favorisée par le temps cavaleur.
Les
gros mots se sont raréfiés, les bavardages concernant les machines inhumaines, ou
l’usage des chiens pendant le confinement se sont épuisés, l’écrivain vain se
met à fréquenter une toquée à tocs.
Tous les thèmes apparaissant dans le cercle parisien de
l’édition, du cinéma et de la musique ne voulant pas voir la douceur
de vivre, broient un noir assez conformiste, si bien que la description d’un
apaisement des passions destructrices peut paraître d’une certaine originalité.
« Pour être un grand
auteur, il suffit que trois fils à papa se pâment en hurlant au génie. »
Elle parle de Céline.
A bientôt, connasse !
Soupir. Mais qu'avons-nous à vouloir en si grand nombre du Nouveau, et rien que du Nouveau seconde après seconde, minute après minute, etc ?
RépondreSupprimerNotre... progrès a t-il succombé à l'ennui qu'il a généré en nous ?
Il se pourrait bien qu'il n'y ait pas de douceur de vivre à Paris. J'ai renoncé à y aller avant le confinement, sentant trop la brutalité de la capitale, à fleur de... peau, et malgré les belles promesses d'expositions, de... nouveauté(s) en tous genres.