dimanche 1 juin 2025

Villers Cotterêt.

Notre séjour en baie de Somme se termine, 
200 km environ nous séparent de notre prochaine étape à VILLERS COTTERÊT.   
Les paysages de départ vus de l’autoroute aux environs d’Amiens sont plats et sans intérêt. Durant le trajet à travers la forêt de Compiègne, nous dépassons le panneau indiquant la clairière où fut signée l’armistice en 1918.

Et plus nous nous rapprochons de notre destination, plus la circulation s’intensifie sur des petites routes au milieu des bois.

Nous atteignons le Musée de la Francophonie (cité internationale de la langue française).
Il est symboliquement installé dans le château créé par François 1er dans le lieu même où ce dernier promulgua l’ordonnance  imposant le français comme langue officielle et administrative du Royaume en 1539.

La salamandre, emblème du Roi, des plafonds sculptés, le style renaissance ressortent rajeunis  dans la blancheur et la propreté des pierres du bâtiment récemment rénové.

Au cours des siècles et de son histoire, le château connut de multiples usages : 
Palais Royal, il fut le lieu de fêtes somptueuses : 
château « Mon plaisir », 
ensuite il devint un lieu destiné à la culture et accueillit des représentations de pièces de théâtre tel le Tartuffe ou l’hypocrite de Molière. 
A la révolution,  décrété bien public, il sert de caserne à l’armée républicaine, les pièces fastueuses sont utilisées comme dortoirs, ou  infirmerie. 
Puis les autorités le transforment en asile pour les indigents, en hôpital recevant les blessés du front tout proche lors de la 1ère guerre mondiale et enfin en maison de retraite.

Sa reconversion en cité de la Francophonie  en lien avec l’ordonnance du Roi François 1er date de 2023 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron.

Lorsque nous franchissons le porche d’entrée et après la fouille vigi-pirate, nous traversons une 1ère cour puis une 2ème coiffée d’une surprenante verrière qui supporte plusieurs rangées de mots d’expressions régionales, d’argot, pour exprimer la diversité de la langue française.
A droite de cette cour, un bar/restaurant ne cuisine que des tartines soit au saumon soit courgettes jambon, choix assez restreint mais résultat plutôt savoureux. (aucun plat sans fromage..) A gauche voisinent billetterie et musée.

L’exposition temporaire porte le titre « Une chanson qui nous ressemble ». A l’achat des tickets, l’employée nous remet des casques audio afin que nous percevions in situ les succès mondiaux de la musique populaire francophone mis en scène . Elle se décline en plusieurs thèmes :

Le cabaret : cette partie  repose sur élégance et haute couture représentées par J.Gréco  F.Hardy et Aya Nakamura (à mon avis plus discutable dans ce classement..)
La rue  et la liberté, les combats, la résistance... La « Marseillaise » inspire, adoptée par les clubs de foot étrangers ou par des pays étrangers, « l’Internationale » connait, bien entendu, une version chinoise. « Tiens voilà du boudin » de la légion figure dans cette thématique (le boudin désigne la tente du soldat). Quant au « Déserteur » de Boris Vian, son adaptation russe en 2023 clame le refus de jeunes russes d’aller  combattre les Ukrainiens.

Le music- hall : les ambassadrices de la chanson française dans le monde passent par Damia, Edith Piaf, Mireille Matthieu et Maurice Chevalier (un ambassadeur donc !)

Plus récemment  Céline Dion, Patricia Kaas, Zaz continuent à promouvoir  la « french touch  » au delà des frontières. 
Françoise Hardy, Stromaeles négresses vertes, illustrent  La musique pop .

Le dancing  revisite différentes influences, certaines exotiques avec
« l’orientale » d’E. Macias, le Zouk de Kassav mais aussi avec « Tombe la neige » d’Adamo, qu’une hôtesse de l’air prenait pour une chanson traditionnelle japonaise,

Gainsbourg et Birkin avec « Je t’aime moi non plus » …Parmi les chanteurs dignes d’apparaitre dans l’expo, Aznavour, Moustaki ne furent pas oubliés, au contraire de Brel, Brassens, Ferré, Barbara… pourtant largement diffusés et connus à l’étranger, et contribuant très largement à enrichir la langue.

L’exposition permanente s’intitule « L’aventure du français ». Elle propose un voyage à travers le temps et l’espace, donne à voir et à entendre la langue française dans la diversité de ses accents et de ses expressions.

Tout au long du parcours, elle  appréhende le français dans ses dimensions culturelle, historique et sociale comme dans ses relations qu’il entretient avec les autres langues.
De nombreux dispositifs interactifs et pédagogiques donnent une approche ludique : citons parmi eux  la bibliothèque magique et virtuelle, des jeux de palindromes, d’anagrammes, des jeux sur le sens des expressions (ex : avaler par le trou du dimanche = avaler de travers, parler à travers son chapeau = parler à tort et à travers..), une installation traite des divers langages allant de l’argot au verlan en passant par le langage jeun’s.
Une autre s’emploie à révéler les mots étrangers inclus dans le français à l’aide d’un dispositif très sympa : une coupole au-dessus de nous  affiche un mot avec son origine et sa diffusion sur la planète (ex de mots : totem, alcool, violon...
)

Sur le plan historique,  dans les siècles passés, Casanova ou Catherine II de Russie ont  prouvé par leurs écrits le rayonnement et l’importance de notre langue jugée d’une belle richesse.

L’exposition aborde aussi le français comme devenant l’expression de la négritude à l’aide d’un petit film. Et puis nous apprenons que  Villers Cotterêt est la patrie d’Alexandre Dumas, pas loin de celle de  Racine.

En résumé, ce musée valorisant les mots s’éloigne du placardage de nombreux panneaux trop longs à lire, les moyens modernes favorisent la portée du propos.
Après 2 h 30 d’amusement dans les lieux, nous sortons par la chapelle nue et rénovée.

N’ayant rien d’autre de prévu à Villers Cotterêt, 
nous partons directement pour SOISSONS où nous nous installerons pour la nuit.

Le Airbnb se situe place de la République dans un immeuble bourgeois au-dessus d’une banque, sous les toits au 3ème étage accessible par un escalier en bois aux paliers espacés, avec une demande écrite « essuyez-vous les pieds » : on rêve d’un ascenseur ! 
Mais il ne manque rien dans l’appart bien conçu, sobre et de bon goût.

Nous sortons pour un petit viron dans le centre-ville, Soissons est une petite ville à peine plus grande que Voiron, endormie dans la chaleur d’Août, et dépeuplée en cette saison.
Après un passage devant la cathédrale Saint Gervais cachée par les échafaudages et l’Office du tourisme, fermé depuis 17 h, nous entrons dans un mini carrefour pour quelques coursettes. La caissière fort jolie se réjouit du retour de vacances d’une connaissance, un policier auquel elle dit avoir volé un vélo et qui ayant fait volte-face montrait l’inscription Police sur son vêtement. 
Nous nous baladons encore un peu jusqu’à la mairie et le château protégé par une belle grille. Nous n’en verrons pas plus, nous rentrons pour ne plus sortir même pour le son et lumières. Nous cédons à l’apéro avec bière et pistaches, nous nous nourrissons de pâtes déshydratées, suivons les infos à la TV, "Un si grand soleil" et hop ! Au lit.

1 commentaire:

  1. Belle visite, merci. Je note avec grand intérêt, et pour la première fois, la suite des usages du bâtiment m'a fait tilt dans la tête. Il y aurait beaucoup à dire sur le sens ? de ces usages, dans le passage du temps... tous ces lieux de l'aristocratie qui sont devenus des prisons, des casernes, qui sont passés, comme des gens ? des fastes à la misère...
    Notre ambivalence envers le meilleur, et les meilleurs, (étymologie) n'a pas de limites, à ce que je constate. Si seulement cela nous agrandissait... si seulement.

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