Une petite semaine pour lire les 720 pages d’un livre dont
l’aspect cartonné comme un classique le distingue des autres, d’autant plus que
la densité d’une écriture claire et parfaitement documentée, la diversité des
thèmes nous emmènent au-delà des productions ordinaires.
Nous suivons «un chemin plein d’ombres» traversant l’époque sans
être étourdis de trop de péripéties et pouvons regarder en face les
interrogations de toujours.
« On jette enfin
la terre sur la tête, et en voilà pour jamais » Pascal
En attendant, se
déroule une sacrée « comédie », morne et prenante.
« La vie change
alors de nature, et se met à ressembler à une course de haies : des
examens médicaux de plus en plus fréquents et variés scrutent l’état de vos
organes. Ils concluent que la situation est normale, ou du moins acceptable,
jusqu’à ce que l’un d’entre eux rende un verdict différent. »
Le roman se situe en 2027. L’anticipation n’est que de cinq ans, de quoi rendre plus
criants les problèmes des réfugiés, des attentats et des piratages
informatiques. Elle nous dispense de l’apocalypse annoncée.
Sur fond économique apaisé, les solitudes s’arrangent entre
elles.
« L’Europe dans
sa totalité était devenue une province lointaine, vieillissante, dépressive et
légèrement ridicule des Etats-Unis d’Amérique »
Enigme diplomatique et coulisses du pouvoir, rêves, beauté de la campagne française, EHPAD, l’ennui est parsemé de rares coup d’élastique potaches
à des baudruches branchées. Les questions fondamentales en prennent de
l’évidence :
« tout ce que
nous avons réussi à accomplir, nos réalisations, nos œuvres, rien de tout cela
n’a plus le moindre prix aux yeux du monde »
« Manuel de réassurance pour vieux mâles blancs » pour Médiapart, étant de ceux là, je m’y retrouve. J’ai bien aimé la progression
désinvolte jusqu’à la fin poignante, d’autant plus qu’elle n’est pas surjouée
et que la littérature apparait une fois de plus comme le meilleur des remèdes
au désespoir.
Je laisse à Houellebecq le soin d'aller courir ses examens.
RépondreSupprimerAutour de moi j'exerce une.. légère pression pour dire aux gens que des fois, il vaut mieux ne pas se soumettre (oui, le verbe est bien choisi) à tant d'examens, de regards scrutateurs.
A force de chercher, on finira toujours par trouver... quelque chose. Et surtout, de quoi s'angoisser. L'Homme est une créature pitoyable. Digne de pitié. Même s'Il concentre un pouvoir considérable entre Ses Mains (et pas les nôtres...), il reste pitoyable, et la perspective de passer des nuits... sans sommeil en se demandant ce que le prochain examen va trouver est digne de l'enfer.
Comme quoi, Nous finissons toujours par fabriquer nos enfers. A la longue...
En plus, se soumettre à autant de manipulations techniques, c'est trahir le peu de confiance que nous devrions ? mettre dans notre capacité... naturelle de nous soigner, nous réparer, sans faire intervenir nos lourdes et suffisantes têtes, (et consciences) dans l'affaire. Quand on dort, le cerveau continue à travailler, et nous vivons et pensons dans le sommeil, à notre insu. Imaginez un instant que nous soyons obligés de nous commander consciemment de respirer. Oui... un sacré enfer, tout ça. Où nous nous sommes engagés, en nous croyant intelligents, par dessus le marché. Pouah.
Comme les U.S. me paraissent... aussi ridicules, et encore PLUS clinquants que l'Europe (encore que, des fois, je me désespère totalement de voir avec quelle alacrité les Français copient (mal) les côtés les plus indignes de mon pays d'origine...), et... en perdition, par dessus le marché.
Comme quoi... les chiffres, où qu'on se met à mesurer avec, ne sont pas un reflet adéquat de l'état d'une société...
Pour... le prix que VAUT la civilisation européenne, ce n'est certainement pas en achetant de grosse Nike rouges rutilants, aussi gros que les grosses bagnoles obèses venant d'outre Atlantique qu'on va LA DEFENDRE dans le débâcle.
Nous sommes devenus... nos pires ennemis, en offrant nos... culs pour nous faire battre, et en bradant notre culture, pour faire plus moderne, plus branché. Et maintenant, nous allons chouiner ??
Comme quoi... si nous sommes devenus... esclaves, c'est surtout parce que nous nous sommes déjà vendus. Credo.