mercredi 4 décembre 2024

Le garage inventé. Claude Schmitz.

Cette pièce de théâtre serait « méta diégétique » voire « désanthropocentré » comme j’ai pu le lire chez quelque auxiliaire publicitaire squattant les réseaux des amateurs de plateaux. J’avais cherché en vain quelques critiques, sortis peut être avant la fin comme de nombreux spectateurs trouvant interminables ces 2h et quart.
Je dirais que c’était simplement « con » et assumé comme tel.
Le metteur en scène sensé penser vient faire des effets de panse sur le plateau avant que son actrice ne dise qu’elle s’en va… et puis non elle revient. 
Une voiture n’arrive pas à démarrer malgré fumée et clignotements répétitifs, le spectacle ne s'est jamais mis en route. Le seul moment de théâtre arrive quand le technicien en chef  s’essaye à jouer Cyrano dont quelques mots suffisent à mesurer la profondeur de l’abime séparant les époques, j’allais dire les auteurs, mais non seul Rostand nous parle, l’autre reste un imposteur jargonnant jouant avec l'éclairage.
Dans un  long prologue cinématographique un sympathique grand-père rocker joue au dragon gentil avec une petite fille qui triture un cheval au bout d’une ficelle nommé cheval-ficelle. C’est elle la plus inventive dans cette création vaine, même pas pathétique, ni absurde, ni loufoque : vide.  
Heureusement quelques commentaires peuvent divertir après l’habituelle  
« actrice emprisonnée dans l’imaginaire patriarcal d’un metteur en scène » : 
«  Ce qui fait d’ailleurs penser à la pièce Stifters Dinge du compositeur et metteur en scène allemand Heiner Goebbels présentée en 2008 au Festival d’Avignon, « une œuvre pour piano sans pianiste mais avec cinq pianos, une pièce de théâtre sans acteur·ice, une performance sans performeur·se mais avec de la lumière, des images, des bruits, des sons, des voix off, du vent et du brouillard, de l’eau et de la glace ».

mardi 3 décembre 2024

L’astragale. Anne Caroline Pandolfo Terkel Risbjer.

Je n’avais pas lu l’autobiographie alors culte d’Albertine Sarrazin datant d’avant 68, ni vu le film en noir et blanc de 2015 avec Leïla Bekhti et Reda Kateb.
En 220 pages vivement brossées de noir, j’ai rattrapé cette lacune et retrouvé une époque, où la passion affronte la liberté en n’ayant que faire des grands mots quand la vie d’une si jeune femme crépite.
Anne s’est cassé un petit os de la cheville, l’astragale, en sautant du mur d’une prison, Julien qui sort de tôle la planque. Ils tombent amoureux. 
« Je rampe. Mes coudes deviennent terreux, je saigne de la boue, les épines me percent au hasard des buissons, j’ai mal mais il faut continuer à avancer. » 
Son immobilité dans des chambres de passage, le fait d’être entretenue, pourraient signifier le contraire d’une émancipation, mais sa rage qui lui fait surmonter douleurs et solitude constitue le carburant d’une vie intense, âpre et romantique.

lundi 2 décembre 2024

Trois amies. Emmanuel Mouret.

Du temps où j'avais l'âme sociale, ce réalisateur m’agaçait, je le trouvais futile et parisien, j’apprécie aujourd’hui ses comédies légères, loin d’être superficielles, comme disait une des trois amies avec lesquelles j’ai partagé ce bon moment. 
L’amour et le désamour, quoi de neuf ? Eh bien le réalisateur, que je vois volontiers en chroniqueur du XVIII° siècle, nous sert quelques variations  bien troussées, originales et convaincantes sur les sentiments de profs quadra d’aujourd’hui. 
La voix off de Macaigne m’a mis tout de suite dans de bonnes dispositions pour deux heures de jeux entre hommes et femmes où les mensonges entre amies s'avèrent plus drôles que dramatiques. Les mâles ne sont ni ridicules ni grossiers et on pardonnera à leurs partenaires féminines leurs inconstances qui ornent nos heures. 
Les passions mauvaises comme la jalousie peuvent mettre de l’huile dans les rouages, alors que les amoureux trop épris peuvent effrayer les donzelles.