Tellement assailli par les dogmatiques, j’ai été attiré par
ce titre alors qu’il est déjà si difficile de penser par soi même.
J’ai apprécié le récit d’un parcours intense depuis l’envie
de devenir rabbin sous sa kippa, « dôme d’humilité », jusqu’à
l’abandon de cette vocation exigeante intellectuellement.
« Oui, il fallait
se frotter aux questions difficiles. Aux religions différentes. Aux idées qui
dérangent. Aux sciences. Aux arts. Aux livres. Aux révolutions intellectuelles,
aux fluctuations de l’histoire. Ce n’est qu’à ce prix qu’on déployait sa
singularité. Qu’on explorait sa propre altérité. »
Avec ces 326 pages, le jeune philosophe met en pratique ses
réflexions ancrées dans le quotidien:
« Réconcilier la
littérature et la philosophie, moi qui étais amoureux de l’une et religieux de
l’autre : n’était-elle pas là la clef ? Ne plus voir de différence
entre ces deux continents. Abolir tout schisme séparant théorie et
pratique ; conformer ses actions et ses idées, mais ne pas réduire
celles-ci à la conceptualité. »
Loin des manuels de savoir penser, vivre, cuisiner, les
fatigués peuvent se requinquer avec ce livre accessible, agréable à lire:
« Un scepticisme
qui n’a plus rien à voir avec les sables mouvants de l’hésitation mais qui
constitue un principe actif de la philosophie. Le moteur d’une négation qui
travaille secrètement la pensée. Un doute souterrain, destructeur autant que créateur,
qui, souvent invisible, traverse toute la philosophie et l’aide à s’accomplir. »
Cela a l'air très intéressant, merci...
RépondreSupprimerLa pensée rabbinique est très exigeante, je le sais. Déjà... philosophique, par bien des côtés, d'ailleurs.
Pour (ré ?)concilier la littérature et la philo, la tentative est audacieuse.
Fut une époque, avec Platon, et le Socrate de Platon, où la philosophie était littérature. Ou plus précisément... théâtre. Dialogue. Le théâtre oblige à donner corps aux idées, mais pas toute la littérature.
Mais je pense que les propos sur abolir la différence entre théorie et pratique, conformer ses actions à ses idées sont un peu légers, dans la mesure où on pourrait penser que la manifestation des idées dans le monde dépendrait de notre volonté, si je comprends bien. Mais il n'en est rien, car il y a des idées derrière TOUTE notre structure sociale, nos dispositifs, notre organisation de nos vies, et on peut les voir, si on y fait attention. Elles sont... déjà là. Déjà, il n'y a pas de séparation entre théorie et pratique, donc, il n'y a pas à appeler à ce qu'elle n'existe pas, car... elle n'existe pas. De mon point de vue, en tout cas...
Pour la négation, cela reste ma plus grande interrogation. Que faire.. du négatif, qui, rappelons-le, ne peut que s'appuyer sur du déjà là, afin de se manifester. Comme dans : "Je NE sais PAS", la négation s'appuie sur le "savoir", déjà là. La négation est un ADverbe, par nature. Difficile d'appréhender toutes les implications de ceci, à mon avis.
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