samedi 7 décembre 2024

Les pieds tanqués. Philippe Chuyen.

Un ami enthousiasmé par le spectacle vu à Avignon, où la pièce jouée au boulodrome de l’île Piot a connu un beau succès, m’a donné l’occasion d'un aperçu des dialogues.
J’ai mieux compris à la lecture de ces 70 pages, la place que ne cessait de prendre l’Algérie dans sa vie, lui qui est né là bas, et le bien qu’a pu lui faire cette œuvre au langage fleuri permettant d’envisager les contradictions, d’exprimer regrets et chagrins, tout en continuant à jouer ensemble, à vivre ensemble. 
Depuis longtemps je n’avais pas lu de théâtre et bien que je ne goûte guère l’exercice, j’ai cru voir et entendre les quatre boulistes, sans leur truculence appréciée par ceux qui ont assisté à la représentation. 
Le mot pétanque vient du provençal quand les pieds doivent être ancrés au sol, bien « tanqués ».
J’ai mis du temps à identifier les personnages, ce qui m’a évité de tomber dans la caricature pittoresque pour approcher la complexité et l’intensité d’un sujet toujours d’actualité, traité ici avec bonhomie.
Les péripéties du jeu permettent le dialogue, les confidences. 
Le fils d’un combattant pour l’indépendance de son pays avait un oncle harki, 
le pied-noir aime l’Algérie de son enfance, 
alors que le père communiste du « Provençal de souche » portait les valises du FLN. 
Le parisien, dernier étranger à rentrer dans la partie, a sa part aussi dans ce passé douloureux qui le lie aux autres protagonistes. 
«  Parce qu’avec lui, les conversations, on n’a pas fini. »

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