jeudi 25 avril 2024

Joana Vasconcelos. Gilbert Croué.

Sous un masque vénitien monumental constitué de miroirs très XVIII°,  
«  Je suis ton miroir », le conférencier devant les amis du musée de Grenoble présente l’artiste portugaise contemporaine née à Paris en 1971.
Ses premiers travaux jugés « trop féminins » vont l’amener à accentuer son côté « Ouvrage de dames ». Un habillage d’un « Taureau » recouvrant la virilité animale et humaine, constituera un premier succès,
qu’elle va dupliquer en « Crabes »
«  Grenouilles »
.
Elle fonde une coopérative pour aller par exemple vers une fine couverture ouvragée d’un « Piano dentelle ».
Dans «  La sainte famille » elle représente Joseph en athléte
et  renouvelle le charme de « Madame du Barry »
Les escarpins « Dorothy » renommés aussi « Marilyn », sont faits en faitout.
Inattendue, « La fiancée » composée de 25 000 tampons hygiéniques, 
remarquée à la biennale de Venise,
est un hommage à Duchamp qui avait intégré le verre brisé de  
« La mariée mise à nu par ses célibataires même ».
L'artiste propose de plus en plus des tailles géantes tout en préservant la minutie de ses ouvrages au crochet, au tricot, en couture. 
Elle a transformé un lieu de passage du musée de Sao Paulo, « Contamination ».
Elle reprend un symbole populaire de la culture portugaise, « Le cœur de Viana », emblème de la piété et de l’amour, sous forme de collier en filigrane d’or, de tatouage...
A Versailles en 2012, sur un air d’Amalia Rodriguez, elle fait tourner ses « Cœurs indépendants »  composés de fourchettes en plastique courbées à la chaleur.
Le château accueille
depuis 2008 des artistes contemporains, comme jadis, offrant aux visiteurs d’Ile de France des prétextes pour revenir, après quelques visites historiques avec leurs petits enfants.  
« Le pavillon des thés » reprend en fer forgé les motifs des balcons.
« Le dauphin et la dauphine »
, clin d’œil à la langouste téléphonique Dalinienne, est l’occasion de rappeler que Louis XIV eut 6 enfants légitimes morts avant lui et une vingtaine d’illégitimes qui compteraient 500 descendants.
Le « Lilicoptère » vaut son pesant de plumes.
« Marie Antoinette » par Adolf Ulrich Wertmüller aimait le rose.
Parmi les 2300 pièces de la demeure royale, Vasconcelos installe dans la galerie des batailles de 120 m de long, 
« Royal Valkyrie » gigantesque créature aquatique avec 
«  Golden Valkyrie et « Valkyrie Trousseau ».
Dans un autre lieu, Sandberg avait peint « La Chevauchée des Valkyries », 
servantes du Dieu Odin, sur le point d’emporter les héros vers le Walhalla.
L’incomprise à ses débuts est désormais à la tête d’une entreprise d’une quarantaine de personnes, comme Rubens ou Rembrandt  en leur temps, pouvant mettre au point un bouquet de fers à repasser s’épanouissant « A toute vapeur »  tout en diffusant du parfum.
Il a fallu des cordistes pour installer « Egeria » au Musée Guggenheim de Bilbao
où à l’extérieur était exposé un « Solitaire » en jantes de voitures et gobelets de plastique.
« Simone »
comme Weill et De Beauvoir étale ses tentacules sur 30 m au Bon Marché qui avait inspiré « Au bonheur des dames » de Zola.
Comme « La Pagode de Chanteloup », une « fabrique » destinée à la décoration, elle propose à la fondation Rothschild un « Wedding Cake » composé de 25 000 carreaux et 1300 pièces en céramique pour les jardins de Waddesdon Manor.
Dans la chapelle du château de Vincennes, 
un « Arbre de vie » aux 110 000 feuilles tissées à la main,
représente un laurier en hommage à « Apollon et Daphnée » du Bernin.   
Sur le socle du chef d’œuvre aux feuilles transparentes, taillé dans le même bloc de marbre, le commanditaire avait inscrit :  
« Tel qui court après les plaisirs fugaces s'emplit les mains de feuilles mortes 
ou cueille des fruits amers. »
Pour le défilé Dior de 2023/24, dans une ambiance sous-marine, « Valkyrie Miss Dior »  compose un patchwork de tissus floraux en broderie et dentelles
, perles et strass.
Vasconcelos qui utilise souvent les citations mérite celle-ci :  
«  travail enchanteur, effervescent et souvent démesuré. »   
« Chapeau ! » pour l’artiste hors des normes a conclu le conférencier.

1 commentaire:

  1. J'ai un avis mitigé sur cette... entreprise "artistique", ne pouvant pas m'empêcher de préférer la statue de Bernin devant laquelle j'ai passé des heures, enfant et adolescente, scotchée devant tant de beauté, beauté d'homme, beauté de femme, beauté de mouvement, la perfection qui me transportait loin de ce monde. Et la devise ? Très bien la devise.
    Certes il y a de l'invention, de l'ingénuité dans l'entreprise "artistique" de la dame, mais elle travaille à une échelle industrielle, et j'y suis allergique.
    Nuance sur ton qualificatif du "Joseph", car j'estime qu'il est surtout un athlète... grec en l'occurrence, et c'est capital. Joseph fut Juif, et la petite statue de la dame est d'inspiration grecque, or, on sait qu'il y a des tensions flambantes entre la culture grecque et la culture juive... religieuse, en tout cas.

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