Nous revenons dans la chapelle de Vence avec le religieux conférencier
devant les amis du musée de Grenoble. https://blog-de-guy.blogspot.com/2024/04/le-vitrail-moderne-frere-marc-chauveau.html
Le « résultat
d’une vie consacrée à la recherche de la vérité » comme le disait ce questionneur
de beauté, auteur du grenoblois « Intérieur aux aubergines », est aussi une
histoire d’amitié.
Monique Bourgeois, infirmière fut employée en 1941 par Henri
Matisse, « le miraculé », qui avait besoin alors de soins constants.
Devenue
un de ses modèles, « Tabac
royal », elle
entre peu après dans l’ordre des
dominicaines et prend le nom de sœur Jacques-Marie. La villa de Matisse «
Le rêve » est située à deux pas de la maison qui abrite la congrégation. Ne disposant avec les autres soeurs que
d’un garage comme lieu de culte, elle montre un projet de vitrail pour lequel le
maître l’encourage, elle lui permet de rencontrer un jeune religieux Rayssiguier
qui convainc rapidement l’artiste :
« Votre chapelle nous allons
la faire »Il reste à vaincre la réticence des sœurs et à trouver un
architecte véritable : Auguste Perret qui a l’élégance d’accepter
d’assurer la direction technique derrière le dominicain pris un moment par le
doute sur ses capacités à mener jusqu’au bout le chantier.Imbriquée dans d’autres bâtiments, la chapelle s’adapte à sa
position en contrebas de la route. Le transept est décalé dans une salle ressemblant à un grand
livre ouvert où la lumière des vitraux apporte de la couleur aux dessins noirs
sur carreaux blancs. Ainsi dans le livre « Jazz » des gouaches
découpées voisinent avec l’écriture.Il avait prévu un vitrail « Fleuve de vie » qu’il a trouvé finalement trop
agité pour un lieu de prières,
c’est sous le nom « Les abeilles » qu’il est réalisé pour une école
maternelle au Cateau-Cambrésis, sa ville natale.Les vitraux aux verts et bleus transparents, au jaune opaque
se souviennent de Tahiti avec des motifs végétaux évoquant le figuier de
Barbarie qui désaltère le voyageur dans les lieux les plus arides, sous un
rideau protecteur.
Pour arriver à l’épure la plus sobre, de très nombreux
dessins ont été nécessaires qui laissent le temps à la rêverie, à
l’identification. Son « Saint Dominique » de
Vence reçoit les couleurs, celui d’Assy en apporte.
Dans un geste d’accueil, préfigurant en même temps la
crucifixion, « La vierge à l’enfant », avec pour modèle une jeune
fille en train de devenir femme qu’il s’est empressé de dessiner, se présente
toute en élégance et douceur, inspirée de celle de Fouquet. De nombreuses esquisses
témoignent de ses recherches voulant échapper aux modes qui se démodent.Avec humilité, il met ses pas dans ceux des
anciens dans son « Chemin de croix » où les scènes s’entremêlent,
violentes. A la sixième station, sur le voile de Véronique la « Sainte
Face » est le seul visage représenté dans la chapelle.Il s’agit d’une œuvre d'art total, par l’architecture, les vitraux,
les grands dessins sur céramique, l'autel réalisé avec la même pierre que le
pont du Gard regardant les deux petites nefs, les objets liturgiques.Bénitiers, tabernacle, confessionnal, chasubles se coordonnent.
Sur le linteau une autre « Vierge et l’enfant » figure aussi en tondo.Impliqué pendant quatre ans, il répondit à Picasso qui n’était pas d’accord avec son engagement
dans un projet spirituel:
« Au fond, il ne faut pas que nous fassions les malins.
Vous êtes comme moi : ce que nous cherchons tous à retrouver en art, c'est
le climat de notre première communion »La Chapelle du Rosaire fut inaugurée en 1951. Trois ans avant la
mort de l’artiste.
Le père Marc Chauveau avait revêtu la chasuble noire pour célébrer l’enterrement
de sœur Jacques Marie en 2005.« Cette petite chapelle est un grand
témoignage - celui du vrai.
Grâce à vous une fois de plus, la vie est belle.
Merci. »
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