Concernant l’image des femmes dans l’art : après les
vierges, saintes, ou mères vertueuses, https://blog-de-guy.blogspot.com/2023/04/vierge-sainte-mere-serge-legat.html
étaient présentées des femmes de petite vertu par le
conférencier devant les amis du Musée de Grenoble.
De l’antiquité au monde
chrétien s’est enracinée l’idée de la nature diabolique des descendantes d’Eve,
parmi 1001 péchés possibles répertoriés en listes canoniques : luxure et
curiosité, commérage. « Les Effets
de l'intempérance » Jan Steen, la morale protestante dénonce la mauvaise
mère assoupie qui ne s’occupe pas de ses enfants : l’un « donne des
roses au cochon », l‘autre lui dérobe sa bourse, laissant présager un avenir de
mendicité (béquille et clochette), alors qu’une domestique propose du vin au
perroquet.Le symboliste Giovanni
Segantini, qui a perdu sa mère à cinq ans, représente « Les
mauvaises mères » exposées à la souffrance pour n’avoir pas voulu
d’enfants.« L'Allégorie de la Chasteté » de Lorenzo Lotto
figure sur le couvercle d’un portrait d’une femme inconnue : les satyres dans
l’ombre contrastent avec la pluie lumineuse de fleurs déversée par un putto sur
la blanche dame. Dans un autre double tableau, l’« Allégorie du vice et de la
vertu » recouvrait le portrait d’un évêque.Chez le même Lotto, « Vénus et Cupidon », le
jet d’urine à travers la couronne souhaite la fertilité.Face à « La Femme Adultère »,
le christ adresse à la foule excitée ses plus belles paroles : « Que celui qui n’a jamais pêché lui
jette la première pierre ».« Jésus chez
Simon le pharisien » Rubens. Marie Madeleine, la pécheresse repentie, celle qui va oindre
les pieds du christ, et les essuyer avec ses cheveux, sera une de ses
premières disciples à le voir après sa résurrection, elle synthétise plusieurs
personnages.Le christ appelé auprès de son père n’est plus de ce monde, alors Fra
Angelico peint : « Noli me tangere » (« ne me touche pas ») pour
la cellule du couvent San Marco à Florence . Elle l’avait pris pour un jardinier. Elle avait extériorisé sa douleur
dans le « Retable d'Issenheim » consacré à saint Antoine de Matthias Grünewald.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/09/musee-unterlinden-colmar.htmlCharles Le Brun tenté
par le baroque présente « Sainte Marie-Madeleine renonçant
aux vanités du monde ».La poignante « Madeleine pénitente » de Donatello garde de belles mains pour prier. Artemisia Gentileschi, Le Caravage et
Valentin de
Boulogne ont célébré « Judith »,
femme forte.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2019/11/artemisia-jean-seroy.htmlLe Titien : « Sextus Tarquin viole
Lucrèce ». La vertueuse se suicidera pour laver l’honneur de son
père et de son mari. Cet évènement mettant en cause la monarchie, la République
romaine adviendra.« L’Entremetteuse » de Johannes Vermeer du genre
« bordeeltjes » (bordel) décrit les amours tarifés comme « Société dans la salle de Sophie à
Vienne » de Josef Engelhart.
Toulouse Lautrec pour l’établissement de la rue
des moulins
ou Picasso pour les demoiselles de la rue
d’Avignon à Barcelone
ou Manet et son Olympia ont multiplié les chefs
d’œuvres sur ce thème.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/12/moderne-olympia-catherine-meurisse.html.A Saint Lazare, hôpital-prison, Pablo Picasso saisit cette femme
assise au fichu blanc signalant sa syphilis, « La Mélancolie ».
Pour lui payer sa nuit,
Il avait dépensé sa
dernière pistole » Musset
Le tableau de Gervex « Rolla »
aurait pu s’intituler « La destructrice » puisque la lumineuse
endormie a provoqué la ruine de Rolla qui va se suicider.« Nana » d’Edouard Manet
peinte deux ans avant le roman de Zola avait fait scandale à cause du
corset.
« Une vraie
frimousse de margot, trempée dans du lait, une peau veloutée de pêche, un nez
drôle, un bec rose, des quinquets luisants auxquels les hommes avaient envie
d’allumer leur pipe. Son tas de cheveux blonds, couleur d’avoine fraîche,
semblait lui avoir jeté de la poudre d’or sur les tempes, des taches de
rousseur, qui lui mettaient là une couronne de soleil. Ah ! une jolie
pépée, comme disaient les Lorilleux, une morveuse qu’on aurait encore dû
moucher et dont les grosses épaules avaient les rondeurs pleines, l’odeur mûre
d’une femme faite.»« Le réveil de la conscience » de Hunt le
préraphaélite de la période victorienne, où la jeune fille, aux allures de
Marie-Madeleine, échappe à l’emprise de l’homme comme l’oiseau échappe au chat,
me semble bien mièvre et moralisateur, même épluché dans le détail pour compter
les bagues aux doigts de la jeune femme, sauf
à l’annulaire.
On pourrait écrire des bibliothèques entières sur ta présentation ce matin, Guy.
RépondreSupprimerC'est vrai... que les femmes depuis avant la Paléolithique doivent supporter la mauvaise humeur des hommes à sentir qu'ils ne contrôlent pas leurs érections, ni leur désir, mais que ça vient d'ailleurs, d'un endroit qu'ils ne maîtrisent pas, COMME IL SE DOIT. Les hommes doivent vivre avec la frustration de ne pas contrôler un désir qui tend à être si visible, d'ailleurs, alors que les femmes doivent supporter d'être ob-jets, jetées devant les yeux, dans le désir des hommes. Décidément, quand on est puritain (et fier de l'être...) il n'y a pas de justice dans ce bas monde.
Bien avant Lucrèce, nos ancêtres avaient compris l'intérêt pour la société (et ses membres) que l'honneur des femmes réside surtout dans leur capacité à contrôler... leurs appétits, et faire preuve de raison ? tempérance ? Nos ancêtres avaient compris que la liberté ne valait rien en dehors de la capacité de se contrôler, de circonscrire son désir afin que ce dernier puisse rester vivant, et ne s'étiole pas en passant vainement d'un objet à un autre dans une quête effrénée d'objets de substitution.
Après... que les femmes soient victimes de cela, je trouve qu'elles n'en sont pas plus victimes... que les hommes à leur manière, qui est une manière différente.
Mais je vois maintenant avec l'âge que la différence, et la différence des sexes est un défi... surhumain devant lequel nous ne faisons souvent pas le poids.
Merci pour les beaux tableaux !