La journaliste revient sur ses vacances heureuses dans une
maison d’enfants en Suisse, dont les enfants de ceux qui tenaient ce chalet, le
« Home », ont mal vieilli.
Ses recherches autour de ces moments heureux, durs et
tendres, ne débouchent pas sur des révélations de scandales mais nous
interrogent, au-delà des problématiques littéraires, sur ce que l’on veut
garder de nos souvenirs.
Le dernier mot de Deleuze cité au cours des remerciements au
bout des 172 pages situe bien les enjeux :
« Il faut beaucoup de mémoire pour repousser le passé »
La vérité ne s’écrit pas en lettres majuscules, elle se
cherche honnêtement, avec ses contradictions, sa complexité, ses causes et ses
dénis, chacun s’arrange.
« J'aime être
crédule, me persuader que la solitude mène à l'amour, la pauvreté à la fortune,
la destruction à la séparation. »
L’écriture sincère, sensible, sans apprêt, permet de
surmonter notre appréhension de découvrir au fil de la lecture, de noirs aveux.
Ce retour vers l’enfance l’amène à revoir bien des tombes et à travers les
mensonges attestés des autres, nuancer ses certitudes, relativiser ses
engouements, distinguer, apprécier, se regarder en face.
« Auschwitz était pour
moi un gros mot, comme les mots du sexe, qui m’attiraient et me révulsaient à
la foi.»
Hommes et des femmes formateurs sont respectés sans que la
lucidité soit abandonnée à une mièvre bienveillance.
« Je me suis
dressée, des muscles dans les jambes, des épaules pour impressionner, des
poings fermés, des dents et des ongles dont je sais me servir, prête à rendre
coup par coup, une géante, une tête d’acier, faut pas m’emmerder, je suis la
fille du Home que rien n’arrête. »
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