Un gros plan d’une agrafe sur le manteau de Dieu du « Retable de l'Agneau mystique » ouvrant
la séance de la conférence des amis du musée de Grenoble a allumé d’emblée notre
admiration envers le premier des premiers autrement dits primitifs flamands du
XV ° siècle. Les points de brillance d’une minutie incroyable suivent la
logique de l’éclairement et le cristal du sceptre stimule nos références
perceptives.
Les Flandres allaient alors au-delà des frontières de la Belgique
actuelle et entre 1400 et 1480 le Sud sous administration Bourguignonne est le
plus prospère. «Marché au vin» de Simon Bening. Les villes de Bruges, Gand, Bruxelles, Louvain, Tournai
deviennent des places fortes artistiques à la suite d’un commerce florissant de
tissus, céréales et harengs fumés. Certaines villes se spécialisent au point
que le mot italien « arrazzi » signifie tapisseries,
depuis qu’elles provenaient d'Arras.Le visage de l’ecclésiastique du tableau « La Vierge au
chanoine Van der Paele » porte les traces de son âge et ses
lunettes grossissent avec précision les caractères du livre qu’il tient.
Il est
présenté à la vierge par son patron saint Georges face à saint Donatien portant une roue
avec cinq bougies lui ayant permis d’être sauvé d’une noyade dans le
Tibre. Le petit Jésus tient un perroquet seul animal capable de dire :
« Ave Maria !»
Le clergé n’est pas le seul client : « Les
époux Arnolfini » a été commandé par le mari banquier passé par
Lyon. Une seule bougie sur le lustre et un collier au mur offert lors d’une
nouvelle naissance laissent deviner qu’un second enfant s’apprête à venir au monde. Le miroir sans
tache est de la même pureté que Marie, une sculpture au coin du lit représente
sainte Marguerite la protectrice des accouchées s’extirpant d’un dragon et les socques
rappellent le geste de Moïse se déchaussant avant de pénétrer dans un espace
sacré … le chien est fidèle.« La Vierge du chancelier Rolin » est pour le chancelier
de Philippe Le Bon. Le riche politique n’est pas plus petit que Marie. Les trois
arcades (trinité) dominent le paysage d’une ville imaginaire où une croix rappellerait
la fin tragique de « Jean sans peur » jadis assassiné sur le pont de
Montereau.
Une époque nouvelle s’ouvre « Le reliquaire de sainte
Odile » date de 1292. Si le climat n’incite pas à la fresque, les
peintures sont réservées aux retables portables à la mode italienne et aux
livres à enluminer par les « ymagiers ». Les tapisseries sont prisées
et les sculptures durables prestigieuses.
Le diptyque de « l’Annonciation » de Van Eyck tout en
grisaille, trompe l’œil et ses statues, dont les reliefs ont pris moins de
temps au pinceau qu’au burin, font leur effet.
Le retable remarquable de « L’agneau mystique »
est composé d'un total de 24 panneaux où figurent 110 portraits ainsi que
42 espèces de plantes ( 75 selon d’autres sources).
Au sommet, apparaît Dieu sous une tiare, attribut religieux d’origine
persane. Elle lui permet de porter trois couronnes, l’une représentant terre,
ciel et l’enfer, l’autre les continents alors connus et enfin l’église
souffrante, combattante, triomphante. Derrière lui, sur une tapisserie, des
pélicans se sacrifient eux aussi en se rongeant les flancs. La luminosité du
manteau provient d’une superposition de glacis commençant dans les jaunes et
révélant les rouges d’une peinture à l’huile en ses brillants débuts.
Huit groupes, comme le nombre de jours avant la résurrection et comme les huit côtés des fonds baptismaux, convergent vers l’agneau innocent au pied duquel coule une fontaine octogonale. Tout bruisse de symboles et les sites Internet ne manquent pas pour détailler ce sommet de l’art de la Renaissance en arrivant pour certains à solliciter quatre niveaux d’interprétation. Sur ce blog avait déjà été évoqué le trésor de la cathédrale Saint Bavon à Gand
Huit groupes, comme le nombre de jours avant la résurrection et comme les huit côtés des fonds baptismaux, convergent vers l’agneau innocent au pied duquel coule une fontaine octogonale. Tout bruisse de symboles et les sites Internet ne manquent pas pour détailler ce sommet de l’art de la Renaissance en arrivant pour certains à solliciter quatre niveaux d’interprétation. Sur ce blog avait déjà été évoqué le trésor de la cathédrale Saint Bavon à Gand
Ce chef d’œuvre admirable, d’une richesse et d’une fraicheur
époustouflantes a été commencé par Hubert van Eyck, qui avait inscrit « maior
quo nemo repertus » (meilleur que quiconque), et terminé par son frère
Jan, l’un des premiers à signer ses tableaux.
Le portrait de sa femme « Margarete »
nous évitera des jugements sans nuances sur la mode d’aujourd’hui. Son
autoportrait, « L’Homme au turban rouge », nous renseigne sur sa
physionomie, bien qu’assez peu d’éléments de sa vie nous soient parvenus.Philippe le Bon, duc de Bourgogne lui offrit une rente.« Nous ne
trouverions point son pareil à notre gré, ni si excellent en son art et
science ».
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