« Ce ne sont pas
les grandes trahisons, mais la répétition des pertes infimes qui est la cause
de la mélancolie. »
Le titre tiré de psaumes lus par le père d’un meurtrier
dilettante me semble pourtant démesuré pour décrire grands et petits désastres
parmi les habitants d’un immeuble parisien sans aucun paradis perdu:
« Aux rives des
fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant
de Sion. »
Les retours de soirée chez les voisins peuvent être
meurtriers et cocasse le sort à réserver à un cadavre. La solitude, les
malentendus se sont aggravés sous les bavardages.
La recherche pathétique de l’empathie est vouée à l’échec :
le chat objet de soins attentifs se montre bien ingrat, un petit enfant trop
gâté est lui aussi déplaisant.
La traque de toutes les hypocrisies peut faire naître des
sourires au risque d’une lucidité froide.
« Ce matin, avant
de partir à Pasteur, j’ai appelé la maison de retraite de la tante pour prendre
de ses nouvelles. La conversation terminée, je pense, tu es vraiment quelqu’un
d’attentif, tu t’inquiètes des autres. Deux secondes après, je me dis, c’est
minable cette satisfaction de soi pour une action aussi élémentaire. »
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