Lors d’une partie de Mémory avec nos petits enfants, une
amie me faisait remarquer qu’en prenant de l’âge nous avions plus de
difficultés à oublier les emplacements d’une première manche lorsque nous
attaquions une nouvelle partie. Les enfants réinitialisent plus facilement.
Ainsi en va-t-il de la permanence de nos schémas mentaux
comme de la rigidité de nos grilles politiques, quand ce n’est pas l’oubli qui
nous aveugle.
Peut être que l’assoupissante habitude de lire des gazettes papier
est de cet ordre, quand j’ai comme un sentiment d’accomplissement en venant à
bout de la pile de mes journaux.
Alors que j’épongeais ceux qui avaient été laissés pour une
semaine passée ailleurs, Facebook me sonnait avec un post reprenant la liste
des publications subventionnées pour dénoncer que ce sont encore les milliardaires
qui sont assistés.
Mais je ne pouvais laisser la complaisance se déployer
contre une presse qui a encore perdu 10% de son lectorat dans les trois
dernières années. Par ailleurs j’aime trop apporter la contradiction jusqu’à me
laisser aller aux phrases sommaires fleuries d’émoticônes ; j’ai donc interrompu
mon feuilletage pour une polémique simpliste.
Bien que d’après Bernard Tapie :
« A quoi bon
acheter un journal quand on peut acheter un journaliste »,
Pierre Bergé n’écrivait pas dans « Le Monde »
et Drahi possède certes
« Libération » mais il n’est pas Libé. C’était amusant d’échanger
grâce à FB, la pompe à pub d’un des hommes les plus riches de la planète et se
voir vanter le modèle du Canard Enchaîné que je fréquente depuis toujours mais
qui ne peut constituer une source unique d’information.
Je ne suis décidément pas exempt des addictions aux écrans désapprouvées évidemment sur ces mêmes écrans, où je préfère être apologue des
blogs qui commencent à dater, donc à péricliter.
Comme tant de productions culturelles, l’état tient à flot
ce qui est malgré tout une expression de nos libertés fondamentales. Je peux
choisir mes titres dans leur diversité alors que les algorithmes me tiendraient
dans mon sillon.
J’aime la hiérarchisation en 47 X 30 de mon quotidien qui se
laisse parfois attendre et dont on pouvait regretter la parution tardive quand
l’instantanéité n’était pas la règle, ce qui présentement serait devenu un
atout. Rien que dans un numéro, Pitbullshit
Wauquiez disparaît derrière la une consacrée aux pénuries d’eau dans le monde,
alors que nous sommes rincés en ce moment. Je n’évite pas la pub pour le film
« Corps étranger » avec des hanches photogéniques désormais absentes
d’une ville sans « Aubade ». J’apprécie la réflexion autour de la
mode des excuses en litanie depuis le PDG de la SNCF jusqu’à Filoche. Et bien sûr
je prends, « en même temps », les articles finalement pas si
contradictoires :
« Ecrans : l’enfant surexposé peut présenter de graves retards » et
« Ne parlons pas trop vite d’autisme et d’addiction ».
Ouf !
« Ecrans : l’enfant surexposé peut présenter de graves retards » et
« Ne parlons pas trop vite d’autisme et d’addiction ».
Ouf !
…………….
Le dessin dans le texte vient du « Point » et le dessin
du « Canard » de cette semaine est ici :
Tellement bien ficelé !!!
RépondreSupprimer