Je recours au dictionnaire pour la définition de
« publiciste » :
« Un journaliste, essayiste ou chercheur qui écrit et publie des
chroniques ou autres textes engagés sur la vie politique et sociale » (usage vieilli).
Le mérite de ce mot est d’entretenir la
confusion avec « publicitaire », comme le mot « politiste »
apparu récemment pour « politologue » qui tournerait assez vite vers
le peu reluisant « politicien » que certains auraient bien cherché.
Le « dégagisme » comme en 17 ne concernait pas que les
politiques, il valait aussi pour les « journalistes » qui jouaient
avec eux. Cachés dans l’ambulance criblée de boulettes, ce n’est pas sûr qu’ils
l’aient encore compris.
En apercevant les bajoues d’Arlette Chabot lors d’un abus de
zapette, j’ai cru être revenu au temps du « Bêbête show » et je me
suis dit qu’au-delà des incrustés persistants : les Leymergie, Durand,
Apathie, PPD… ce sont leurs mœurs monde ancien qui perdurent.
Ah ! La volée de bois vert à l’égard de leur confrère
Delahousse reçu à l’Elysée où il était dans son registre décontracté, sympatoche.
Ce moment paisible auquel la lecture d’un ouvrage de fond pouvait être
substituée, aurait pu reposer nos éminences cathodiques d’une agressivité cultivée
sur fond de ricanements compulsifs. Leur
virulence est proportionnelle à la décadence de leur magistère.
Faut-il préciser que je ne cultive aucune nostalgie pour le
temps de Mongénéral et de Michel Droit ? Mais le modèle américain, « pieds
sur la table », qui s’est bien trompé, s’est appliqué chez nous.
Avec le zèle des débutants, les intervieweurs se sont mis à
taper sur l’épaule des interviewés, sommés de répondre par oui ou par non à de
longs manifestes.
L’information semble parfois ne figurer qu’une toile de fond
aux motifs appuyés des comiques, jamais contredits : ce serait manquer
d’humour. Entre deux pages de pub et trois sondages, ils suivent l’opinion où
biaisent les angles quand dans un reportage expéditif sur l’orthographe à l’école
il n’est question que de stress, d’angoisse mais jamais ni de finesse, ni de clarté. Toute mesure annoncée
attire des commentaires essentiellement négatifs et lorsqu’une bonne nouvelle
survient : vite un train qui n’arrive pas à l’heure ! Lorsque Toyota
annonce des créations d’emploi, le revoyeur de la presse dégote une usine qui
est menacée de fermeture.
A ne pas vouloir apparaître comme des valets, qui
servent-ils ?
En se distinguant d’un conformisme béat qui tenterait de dépasser
les antagonismes, moins vendeur que les barrages de ND des Landes, la méfiance
est entretenue, le dénigrement à l’égard de la politique et de ceux qui
prennent leur responsabilité. Et Schneidermann qui fut jadis
pertinent, de s’apercevoir que la com’ est omniprésente, sauf sûrement dans les
nombreuses crèmeries où il cumule. Je viens de retrouver chez Hortefeux les
mêmes fulgurances éventées.
Et ces beaux messieurs de gémir contre ce désenchantement
collant à tout politique, qu’ils ont contribué à entretenir.
Ce n’est pas en réanimant l’antagonisme gauche/droite que
l’action publique regagnera de l’éclat, ni en courant, voire en
surenchérissant, derrière toute revendication des motards ou des sénateurs, en
contradiction avec leurs diatribes permanentes contre l’impôt.
Bravo Hidalgo pour son courage et à Blanquer même si je
crains qu’il ne soit trop tard quand il cite « le respect » parmi les
fondamentaux à acquérir à l’école.
Mais surtout pas de morale ! Même si les chroniqueurs
qui en tartinent tous leurs éditoriaux, épuisent la compassion comme les appels
téléphoniques qui se succèdent à la maison aux heures des repas après un chèque
à quelque organisation humanitaire.
Je ne voudrais pas être coupable d’essentialisation
et me garderai donc
de généraliser et d’insister sur les aspects les plus négatifs d’une profession
exposée, familière de mes jours, de mes journaux.
Mais je n’abandonne pas tout esprit critique, en leur votant
la confiance comme celle qu’ils devraient encourager chez nos concitoyens
envers leurs professeurs, leurs médecins, leurs poissonniers, leurs élus.
Quand Kennedy disait :
« Ainsi, mes
chers compatriotes américains : ne demandez pas ce que votre pays peut faire
pour vous, mais bien ce que vous pouvez faire pour votre pays.
Mes chers concitoyens du monde : ne demandez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce qu'ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l'homme.
Mes chers concitoyens du monde : ne demandez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce qu'ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l'homme.
Ces mots qui portaient alors les espoirs d’un monde nouveau,
n’ont rien perdu de leur exigence et peuvent être repris dans les discours de
notre président « travailleur », d’autant plus que la suite du discours
inaugural de JFK précisait :
« Enfin, que vous
soyez citoyens d'Amérique ou citoyens du monde, exigez de nous autant de force
et de sacrifices que nous vous en demandons. »
…………..
Le dessin
d’en-tête est de Norman Rockwell, ci-dessous celui du Canard de la semaine
Que pourrions-nous faire pour le monde, Guy ? Pour "tout le monde" ?
RépondreSupprimerDonner un peu de repos au mot "liberté". Le mot "liberté" a besoin d'un peu de repos. Il a besoin qu'on ne le mette pas à toutes les sauces, qu'il ne perle pas de nos bouches à la moindre occasion.
Il a besoin qu'on soit un tantinet discipliné, et que nous cessions de battre son tambour du matin au soir, partout sur la planète.
Il y a de rares fois où je parviens encore à avoir un peu de compassion pour la très grande folie d'un animal qui se prend pour son propre Dieu, en regardant les ravages incroyables que cette folie déclenche dans le comportement insensé de cet animal, mais la plupart du temps, cela m'irrite profondément maintenant. Je ne suis pas encore assez sage... il me faut encore vieillir un peu...
Songe un peu que dans les comédies de Ménandre, et de Plaute, un "happy end" consistait en la libération... d'un esclave.
Il y a quelque temps, le "happy end", c'était "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Plus de... "libération" de l'esclavage.
Et maintenant, c'est quoi, ton "happy end" ? NOTRE.. "happy end" ? (si tant est que nous avons encore un "happy" "end"...)