Nous nous reposons un moment dans les hamacs avant d’être
invités à passer à table : soupe de manioc et carottes, riz
« cantonais » très nourrissant. Et retour pour certains aux hamacs.
A 15h nous avons rendez-vous pour traverser le Napo en
bateau, nous allons « travailler » sur l’île avec la famille de Juan.
Sa maman nous attend sous les pilotis de sa maison d’été.
Tout autour de arbres
fruitiers, pamplemoussiers, manguiers, bananiers (fruits et plantain), des
avocatiers, des orangers, des mandariniers, cacaoyers, papayers (fruits), et
« mamayers » (fleurs) poussent en abondance. Les bambous sont immenses.
Nous nous rendons au champ de manioc, la maman coupe d’abord les branches qu’elle conserve à côté pour les bouturer à nouveau puis nous enseigne comment extraire les tubercules : les filles, essayons de l’imiter en les déterrant délicatement. Ensuite je porte le panier rempli dont la lanière se porte sur le haut de la tête, l’air féroce avec la machette à la main jusqu'à la maison sur pilotis. Là, nous pilons le manioc arrosé de jus de patate douce qui remplace la salive d’autrefois, à laisser fermenter pendant 3 ou 4 jours pour obtenir la chicha que nous goûtons sans grand enthousiasme.
Juan tape sur la grille du feu de bois au sol avec sa
machette et effectue le même geste sur un des pilotis en bois de fer de la
maison : nous constatons que le bruit est identique.
C’est ensuite au tour des hommes de nous préparer du
chocolat. Juan nous ouvre une cabosse et nous goûtons les fèves gluantes à
l’intérieur, à la saveur surprenante de litchi. Les gros noyaux sont torréfiés
sur le feu de braises dans une gamelle pendant 25 minutes puis les hommes les
décortiquent comme des cacahuètes. Il faut ensuite les moudre dans un moulin à
manivelle fixé sur un banc, ce qui demande une certaine force. La poudre
recueillie est très amère mais l’on sent déjà le goût du chocolat. Versée dans
une casserole et mise sur le feu, elle est mélangée avec du sucre de canne en
bonne quantité et de l’eau. La maman remue la pâte noire, l’eau s’évapore peu à
peu : c’est prêt.
Pour goûter, elle nous apporte de la papaye découpée et
des fraises que nous trempons dans le chaudron de chocolat. C’est
délicieux ! Nous partageons avec les enfants et nous câlinons un petit chien blanc. Pour « escarrer » le plat, Juan s’amuse à maquiller les filles de chocolat : les lèvres, les pommettes, la barbe et le bout du nez. C’est ainsi que nous retournons au lodge Sacha Sisa (Sacha : forêt, sisa : fleur rouge). Nous rions autour du mot mandarine : ici il désigne les hommes dont les femmes « portent la culotte » et qui se montrent trop obéissant.
Nous nous reposons un
moment sur notre balcon où nos voisins nous aident à retrouver les riches et
nombreuses explications de ce matin. Vers 19h nous sommes conviés à dîner tôt
de soupe et spaghettis afin d’assister à la fête de la communauté qui va élire
sa reine ou plutôt sa miss.
Nous partons en bateau avec deux allemandes, les
chauffeurs, les familles qui travaillent au lodge et les enfants. Plus question
de problème de navigation la nuit, pas besoin de gilet de sauvetage : 10 à
20 minutes en pirogue à moteur sans lumière ni sur l’eau ni sur les rives. Puis
tout le monde emprunte notre minibus et regagne le lieu de la fête sous un
grand toit de feuilles. Sur une estrade, un animateur hurle dans un micro
par-dessus de la musique. Nous nous asseyons sur les bancs latéraux autour d’une piste rectangulaire de terre battue.
Nous assistons aux préparatifs : arrivée d’un frigo et des bières, confection du décor.
Les orateurs interpellent les compañeros, applaudissements. Enfin après avoir placé et présenté le jury au centre de la salle, remplacé l’ordinateur de la sono défaillant, le concours démarre vers 22h.
Deux jeunes filles se disputent le titre en dansant et paradant à 3 reprises dans des costumes différents. Pendant les changements, un jeune en blouson bleu réveille les foules en chantant au micro des tubes qui ravissent le public. Juan conclut par un discours en espagnol et en français, il appartient à l’association organisatrice, puis nous entraîne dans la danse où nous faisons l’animation en formant une chenille pour laquelle nous invitons les enfants.
Nous décollons tard, il doit bien être 11h 30, minuit, nous
naviguons dans une obscurité presque totale et nous nous étonnons que Juan et
le pilote repèrent sans souci l’embarcadère
pourtant difficile à aborder à cause du courant. La traversée pleine de
magie et de mystère nous a parue plus longue, car nous remontions le
courant. Nous fonçons dans nos chambres
sans électricité car le groupe électrogène ne fonctionne que 4h de 18h à 22h.
Heureusement la douche est chaude. Subitement E. dans la chambre voisine crie
qu’elle s’est fait piquer et ressent une douleur fulgurante, elle vient de
marcher sur un scorpion. G. court chercher du secours auprès de Juan, trouve
d’abord un jeune qui passe du menthol sur la piqûre et coupe un bout de la
queue de la bestiole pour l’empêcher de nuire à nouveau ; mais un peu de
venin lui tombe sur la main et la paralyse un moment. Juan arrive et traite la
blessée avec l’aspi- venin, une feuille de la forêt et du Doliprane.
La nuit sera difficile pour elle, mais le moment de peur violente est passé.
La nuit sera difficile pour elle, mais le moment de peur violente est passé.
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