Au pays des ingénieurs en doudoune, des étudiants de l’école
d’architecture étaient venus assister parmi les amis du musée de Grenoble, au
face à face des architectes de la pierre et des ingénieurs du métal avant
qu’advienne le béton armé. L’annonce de la conférence était illustrée par Les
arcs métalliques de la bibliothèque Saint Geneviève de 1851.
Après l’époque révolutionnaire, le métier d’architecte a
connu une crise morale et financière avec le tarissement des commandes de
l’aristocratie et de l’église, l’apparition de nouveaux matériaux et une crise
artistique : les palais ressemblent trop aux écoles et aux hospices pour
les classiques lauréats du prix de Rome au mitan du XXI° siècle.
Les derniers soubresauts d’une architecture vitruvienne
figurent dans le livre de Charles-François Viel « De l'impuissance des mathématiques pour assurer la solidité des bâtiments… » Vitruve avait dédié
dix livres à Auguste dans les années 30 av JC traitant : « de la construction en général, mais aussi
des matériaux, des ordres d'architecture, de la décoration, ainsi que de
l'hydraulique, des instruments de mesures, des machines, des aqueducs, des
palais et autres bâtiments publics et privés : thermes, ports... » Un
monde minéral.
Le temps n’est pas immobile : un nommé Rondelet
incorpore des éléments métalliques pour consolider l’ambitieuse église Saint
Geneviève devenue le Panthéon.
Baltard séduisit le public et Verlaine vit :
« La dentelle de Vulcain », dans les volumes des pavillons qui ont abrité les halles
dont la démolition en 1972 entraîna bien des protestations. Celui là avait
changé d’option après que sa première construction en pierre baptisée
« fort des halles » ne fut pas du goût de l’empereur N 3 ni d’Haussmann.
La fondation Pinault ouvrira en 2018 à l’emplacement de la bourse de commerce qui servit de halle
aux grains. Sa coupole majestueuse en bois ayant brûlé, elle fut remplacée par
une voûte métallique.
Après les ingénieurs des ponts et les polytechniciens dont
les écoles ont été créées au siècle précédent, les nouveaux centraliens font
avancer la connaissance des propriétés des matériaux : l’acier combine la
souplesse du fer en traction et les qualités de la fonte en compression.
La passerelle métallique
des Arts qui conduit à l’académie
des Beaux arts semble un pied de nez à l’institution qui pensait que seule la
pierre convenait aux ponts.
Tout comme en Savoie, Le pont de la Caille entre ses entrées néo
médiévales consacre un style « Troubadour ».
Les premiers ponts suspendus ont connu des problèmes
d’oxydation et d’oscillation, voire avec les vibrations nées sous le pas cadencé des
soldats sur le pont de la Basse Chaîne à Angers qui coûtèrent
la vie à 270 hommes.
Les chemins de fer aménagent le territoire, les gares conservent
des façades majestueuses en pierre et les toits métalliques à l’intérieur sont
audacieux comme celle de la gare du nord
à Paris dont une première version a été remontée à Lille.
Alors que l’acoustique est déplorable dans les enceintes où
domine le métal, bien que le saxophone fût présenté pour la première fois au jardin d’hiver des plantes des Champs
Elysées,
des enregistrements sont effectués à Notre dame du travail qui
récupéra des matériaux issus des expositions universelles.
Le « Grand Palais des Beaux-Arts » « Monument
consacré par la République
à la gloire de l’art français », en 1900 avait pris la place du « Palais de l'industrie » de 1885.
1889 fut l’année de la tour Eiffel dont le concepteur au
regard d’acier, entrepreneur, visionnaire chef d’entreprise réalisa entre
autres le viaduc de Garabit.
Le dialogue entre briques et charpente métallique est
convaincant dans nos grenobloises halles Sainte
Claire,
grandiose au magasin du Bon
marché à Paris.
La structure métallique en façade du moulin de l’usine des chocolats
Menier à Noisiel au bord de la Marne, semble un tapis persan.
Le
casino aux allures mauresques de la jetée de Nice vit sa tripaille en
ferraille fondue par Vichy.
Ainsi ces temps industrieux offraient de vastes
bibliothèques éclairées, les muséums proposaient la Grande Galerie de l'Évolution,
le jardin
des plantes des serres plantureuses,
un observatoire à Nice par Charles
Garnier, celui de l’Opéra,
une des entrées
de métro de Guimard telle un papillon à la Bastille, édicule aujourd’hui
disparu où le verre faisait souvent bon ménage avec le métal travaillé comme
végétal.
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