En général on ne va pas voir un film des Dardenne pour les
actrices mais pour mieux comprendre la société. Oui, d’accord, Marion Cotillard
joue bien et sa démarche avec des boots fait plus peuple que people, mais le
débat quant à un prix d’interprétation à Cannes me parait de peu d’intérêt. Le temps d’un week-end la
jeune femme soutenue par son mari et des cachets va tenter de surmonter sa
honte, rencontrer parfois celle des autres ou leur violence.
Ce tour du côté de la classe ouvrière est vraiment
d’actualité quand notre humanité est interrogée au-delà d’une sortie des urnes.
La question posée aurait semblé incongrue à une époque
ou le mot « camarade »
n’était pas tourné en dérision:
« choisissez - vous une prime de 1000 € ou le maintien
dans l’emploi d’une collègue ? »
Le partage du travail, « travailler plus pour gagner
plus », le chômage, l’individualisme, la solidarité sont traités au cours
d’un porte à porte qui permet de nuancer les réponses individuelles. La jeune femme
fragile se rassure en formulant ses demandes
toujours de la même façon, cela n’est pas une maladresse mais une
compréhension intime de la psychologie
des personnages par les réalisateurs. Il en est de même avec la question de
chacun : « que font les autres ? » un vieux lien à ses
semblables qui conduisait jadis vers la générosité.
Un bon film politique sans manichéisme avec une pointe
d’espoir. La formule qui conviendrait en
conclusion : « ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent » appartient
à Victor Hugo. A retrouver le poème en entier, on ressentira un souffle
séculaire ravivé par ce film nécessaire.
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