Le conférencier devant les amis du musée a présenté 5
artistes « en train de créer », les caractérisant ainsi pour aller
au-delà du terme « contemporain » souvent connoté péjorativement. Venus de 5 pays différents avec 5 techniques différentes, ceux-ci
produisent des œuvres modestes ou ambitieuses, originales, étonnantes.Guacolda , du nom d’une princesse chilienne, pratiquait
la gravure, quand ayant oublié son matériel, elle plongea dans une boite à
couture. « Autoportrait ». Depuis elle brode sur tous supports : des emballages à bulles au
papier de Chine. L’imprévu ouvre de nouveaux chemins. L’activité est
féminine, le matériau banal, « Gabrielle » est chargée
d’une certaine gravité.« Narcisse » lui aussi en broderie inversée est plus
complexe. « Hélas ! Hélas ! » répètera Echo, la Nymphe
éconduite qui l’avait fait condamner à ne pouvoir cesser de s’admirer lui-même.L’hyper réaliste allemand, Armin Mersmann a la taille d’un
camionneur et la légèreté d’une dentelière. Ses variations de gris sont celles de ces crayons dont il
utilise toutes les gammes H et B de ses mines de graphite sec ou gras. Il
travaille en grand format à la verticale.La nature est plus vraie que nature : « Lisière
de neige » où le moindre brin d’ « Herbe » apparaît
comme un miracle.
Le blanc vient en avant, le noir creuse.De quoi en avoir l’ « Œil » humide.
Et même quand des « Lampes » sont brisées leur modelé enchante.
L’architecte Kengo Kuma utilise principalement le bois
depuis le séisme de Kobé (6000 morts) au Japon dont il est originaire. Les
constructions en bois avaient mieux résisté que celles en béton.
A « Atami,
maison de villégiature » les entrecroisements de bois permettent de
remplacer des pièces défectueuses à l’image des temples du X° siècle neufs
comme au premier jour. Il valorise les savoir-faire locaux, avec des pierres
tressées pour la « Préfecture à Tochigi ». La « Chapelle de la mousse de
bouleau » à Karuizawa peut
illustrer ses propos toujours humbles :
« La nature s’épanouit dans un hasard magnifique. Rien ne s’y
répète à l’identique, jamais. Elle est toujours en mouvement. »Inspiré par les techniques anciennes, il innove avec un « Hôtel » conçu par son
agence, prévu pour 2023 à côté de la Bibliothèque Mitterrand à Paris.Le pittoresque, original, donc britannique, ingénieur
cartographe, dessinateur de neige, aperçu depuis un remonte pente aux Arcs
s’appelle Simon
Beck.Souvent géométriques, ses tracés en raquette sont
époustouflants par leur taille alors que celui qui trace avec sa boussole et
souvent sa frontale n’a pas sous les yeux le résultat qui enchantera les
spectateurs et ses abonnés sur Internet. Ses dessins sur le sable seront à
peine plus fugaces que ses gigantesques « Flocons de Koch ».
Né en Turquie, il travaille à Los Angeles avec Google, Microsoft,
le MIT…Au pays des Data et de l’intelligence artificielle, il
assemble des zillions de photographies aspirées depuis le « cloud »,
classées par nuances de couleurs puis montées sur des flux générés comme les
musiques par des ordinateurs aux puissances monstrueuses.
« Engram Melting Memories »
Cette
vertigineuse rencontre de la mémoire de l’humanité et des techniques les plus
avancées, avec ce jeune chercheur, rejoint la beauté d’une trace de crayon sur
du papier ou l’empreinte éphémère d’un pas dans la neige.