vendredi 4 novembre 2022

Aurais-je été résistant ou bourreau ? Pierre Bayard.

Si je n’avais pas fait confiance à celle qui m’a mis ce livre dans les mains, je ne l’aurai jamais ouvert craignant trop les anachronismes et les héroïsmes de canapé en réponse à une question qui ne semble pas offrir de choix.
Eh bien toutes les précautions prises par l’auteur, son honnêteté, m’ont convaincu d’autant plus que nous pouvons être effaré par l’actualité où s’oublient les leçons les plus cruelles de l’histoire quand en plus il convient de se rappeler que la liberté se joue au milieu des autres. 
« Chaque vie est une succession de bifurcations.» 
L’auteur de « Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? » que je n’ai pas lu mais qui  doit être savoureux, ne joue pas à l’historien, mais sa subjectivité contagieuse rend les 184 pages prenantes.
Pour alimenter la réflexion dans une recherche dont 
« l’intérêt réside bien plus dans sa recherche elle-même et les questions ainsi ouvertes que dans les résultats nécessairement improbables, auxquels elle parviendra… » 
il va chercher du côté de Lacombe Lucien d’après Modiano et Malle, 
chez Daniel Cordier, 
Romain Gary,
au Chambon-sur-Lignon. 
Milena Jezenska correspondante de Kafka s’était montré d’une liberté époustouflante jusque dans le camp de Ravensbrück, 
« Sans doute Milena Jezenska n’a-t-elle pas sauvé autant de vies humaines que Sousa Mendes (Consul du Portugal  qui délivra en 1940 plusieurs milliers de visas aux personnes souhaitant fuir la France), mais elle a su incarner tout au long de son existence, comme les membres de la Rose blanche, la nécessité pour l’intellectuel de ne pas rester enfermé dans les livres et de prendre le risque de s’engager dans l’histoire. »
Suite à la mise en perspective de récits de destins exceptionnels ou d’expériences telles que des quidams amenés à infliger des tortures à des comédiens dont ils entendaient les suppliques, il envisage son existence au moment du déclenchement de la  seconde guerre mondiale. 
Les intitulés ne concernent pas seulement les intellectuels quand il est question de peur, de désobéissance, de force ou de noblesse d’âme, de réserve intérieure ou de présence à soi, la foi religieuse aussi peut être déterminante.
Un Hutu qui a sauvé des Tutsis nous plonge dans la perplexité : 
«Ce sont les intelligents qui ont tué, qui ont apporté ces horreurs. 
Si j’avais été intelligent, j’aurais peut être tué aussi. »

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