Chacune des 160 pages magnifiques, surprenantes, illustrent
ce qu’annonce le chapitre III :
« Qui traite de
ce que verra celui qui lira les mots et regardera les images. »
Plutôt qu’un Eldorado insaisissable, la vraie fortune vient
de la littérature :
« … mon fils,
garde toujours à l’esprit que nos mésaventures les plus cuisantes peuvent se
muer, sous la patine des ans, en de savoureuses anecdotes ! »
Le fripon né à Ségovie a fait fortune et son récit obtenu sous
la torture est tordant : de naufrage en Amazone redoutable, aux sommets
vertigineux et mines profondes, d’esclave en hidalgo des plus
fortuné.
« Au temps des
chevaliers, époque bénie dont rêvait mon alguazil, tout se décidait à la pointe
de l'épée. Il fallait alors pour s'élever deux vertus premières : la violence
et la cruauté. En notre siècle marchand, mieux vaut faire d'artifice et de
rapacité. Cet âge est fait pour moi ! »
Les dessins sont somptueux, les personnages bien campés, le
scénario original, le texte savoureux, inspiré de la vie de l’aventurier
« miroir des filous telle qu’en son
temps la narra Don Francisco Gomez de Quevedo y Villegas, chevalier de saint Jacques
et seigneur de Juan Abad. »
L’expressivité des personnages truculents assure un second
degré bienvenu en ravivant un genre qu’on aurait estimé désuet s’il ne
nous avait pas fait retrouver une âme d’enfant avide d’épopée.
« J'ai ouï dire que cette créature qu'on
appelle la Fortune est une femme capricieuse, fantasque, toujours ivre, et
aveugle par-dessus le marché. Aussi ne voit-elle pas ce qu'elle fait et ne
sait-elle pas ni qui elle abat, ni qui elle élève. »
Ça me fait très envie d'après la manière dont tu l'as présenté...
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