mardi 8 novembre 2022

Les Indes fourbes. Ayroles Guardino.

Picaresque BD où le genre conquistador pimenté d’humour devient beau et passionnant.
Chacune des 160 pages magnifiques, surprenantes, illustrent ce qu’annonce le chapitre III : 
« Qui traite de ce que verra celui qui lira les mots et regardera les images. » 
Plutôt qu’un Eldorado insaisissable, la vraie fortune vient de la littérature :
« … mon fils, garde toujours à l’esprit que nos mésaventures les plus cuisantes peuvent se muer, sous la patine des ans, en de savoureuses anecdotes ! » 
Le fripon né à Ségovie a fait fortune et son récit obtenu sous la torture est tordant : de naufrage en Amazone redoutable, aux sommets vertigineux et mines profondes, d’esclave  en hidalgo des plus fortuné.
« Au temps des chevaliers, époque bénie dont rêvait mon alguazil, tout se décidait à la pointe de l'épée. Il fallait alors pour s'élever deux vertus premières : la violence et la cruauté. En notre siècle marchand, mieux vaut faire d'artifice et de rapacité. Cet âge est fait pour moi ! »
Les dessins sont somptueux, les personnages bien campés, le scénario original, le texte savoureux, inspiré de la vie de l’aventurier
« miroir des filous telle qu’en son temps la narra Don Francisco Gomez de Quevedo y Villegas, chevalier de saint Jacques et seigneur de Juan Abad. » 
L’expressivité des personnages truculents assure un second degré bienvenu en ravivant un genre qu’on aurait estimé désuet s’il ne nous avait pas fait retrouver une âme d’enfant avide d’épopée.  
« J'ai ouï dire que cette créature qu'on appelle la Fortune est une femme capricieuse, fantasque, toujours ivre, et aveugle par-dessus le marché. Aussi ne voit-elle pas ce qu'elle fait et ne sait-elle pas ni qui elle abat, ni qui elle élève. »

1 commentaire:

  1. Ça me fait très envie d'après la manière dont tu l'as présenté...

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