Si les projets de l’architecte urbaniste n’ont pu être
réalisés à l’Esplanade, dans notre petite ville, le public était nombreux pour
écouter la conférence qui lui était consacrée devant les amis du musée de Grenoble.
Premier français à recevoir en 94 le prix Pritzker, sorte de
Nobel de l’architecture et le grand
prix de l'urbanisme en 2004, comme le Goncourt, le natif de Casablanca (1944) a
déménagé 20 fois pendant son enfance.
Enseignant au
Collège de France, il
est considéré comme un « poète
des formes, créateur d’espace éloquents, ne relevant ni du classicisme ni du
modernisme ; un esprit singulier », « attentif à l’esprit
des lieux ».
Marié avec Elisabeth
née à Rio, sociologue et architecte d’intérieur, ils ont réuni leurs agences
sous la dénomination « 2Portzamparc ».
Les petits cailloux des années de formation, ceux qui l'ont influencé, ont les
formes des bâtiments de Niemeyer
à Brasilia,
ou celle
de la main ouverte de Le Corbusier à Chandigarh
et le parti pris de la Philarmonie
de Berlin où sont absents angles droits et symétrie axiale.
Après un passage chez Georges Candilis
qui contredit ses intuitions de plasticien en affirmant que « l’architecture n’est pas un art mais
doit répondre aux besoins de la société », il fait un tour dans
l’underground New-yorkais pour revenir à Paris en 68.
« Nous
voulons un pays où nous serions à ciel ouvert » est alors écrit sur
les toits de l’école des Beaux arts. L’asthmatique n’aimera jamais les espaces
confinés.
Dans les années 70, il travaille dans une équipe
interdisciplinaire où loin des grilles psychologiques ou marxistes, s’expriment
les occupants des grands ensembles qui n’apprécient ni les lieux qu’ils
habitent ni leurs abords.
« Toute
architecture engage une vision de la ville qui dépasse le bâtiment exécuté, et
dans presque toute situation une architecture suppose ou contredit,
consciemment ou non, un modèle d'agrégation urbaine. »
Alors que le style monumental a mauvaise presse, afin de créer
de l’urbanité dans une ville en devenir, son château d’eau à Marne-La-Vallée
prend des allures de Babel.
L’ensemble des 209 logements sociaux des
Hautes
Formes reliées par des étrésillons est aménagé autour d’une placette
avec des verticalités, des prises de lumière, des dispositions différentes.
Il coordonne la construction du plus grand campus parisien autour des grands moulins de Paris reconvertis en bâtiments
universitaires,
en offrant un âge 3 à
la ville, après les îlots fermés haussmanniens
et les blocs sans rue à l'écart des villes.
Ici, dans le quartier
Masséna, des rues étroites permettent
de donner un sentiment d’appartenance en continuité avec la ville existante. Des
brèches dans le bâti créent du rythme; les couleurs et les matériaux sont
variés.
A Almere aux Pays Bas il travaille à la citadelle avec Rem Koolhaas
où en un feuilleté, les espaces hiérarchisés communiquent : circulation en
sous sol, piétons et commerces au sol toiture végétalisée et résidences.
Les Champs libres à Rennes réunissent le
musée de Bretagne, une médiathèque et un espace scientifique requalifiant le
quartier de la gare ; les espaces intérieurs sont généreux.
Le musée Hergé à Louvain entre en
résonance avec la ligne claire de la BD.
Si The Broad Art
Foundation Museum est resté à
l’état de projet,
pour la cité de la musique à la Villette
après avoir bataillé avec Pierre Boulez question acoustique, sa salle
elliptique inscrite dans un jeu de courbes est accueillante.
Le faisceau de colonnettes de la Philarmonie
au Luxembourg est remarquable,
la salle de musique de chambre en
conque est charmante.
Dans le même temps il honorait la commande de
l’ambassade
de France à Berlin où Elisabeth a réalisé la décoration intérieure.
A Casablanca au coeur de la ville s’élève Casarts,
le plus grand théâtre d’Afrique, derrière deux immenses ventaux dont on peut
varier l’ouverture.
Pour Lorenzetti le patron du Racing, l’U
Arena à Nanterre accueille des matchs de rugby et
des spectacles.
Depuis des milieux on ne peut plus urbains à
New York avec la tour LVMH,
ou à Séoul pour Dior,
il sait aussi se couler dans un paysage
classé au patrimoine de l’UNESCO à Saint Emilion pour un chai du château Cheval
blanc.