Je viens de le lire d’une traite; est ce que j’en garde un
peu pour demain ? Non.
Est-ce que je prends mon carnet pour relever les mots
qu’elle a choisi pour en exprimer toute
la saveur ? Pas le temps, je me souviendrai de « garçonnet », de
« faire face », de « moyenagé » et « enroutiner »,
mais il aurait fallu recopier les 184 pages.
Une ancienne comptable invente une vie à une caissière de
Franprix et si j’en ai tant apprécié l’écriture, je ne voudrais pas laisser
croire qu’il s’agirait essentiellement d’un exercice littéraire. C’est peut
être parce que je venais enfin de l’écouter à La librairie du Square où une
jeunette appliquée l’interrogeait, que je relève surtout des caractéristiques propres à l’écriture, celle
qui prend le temps de choisir les mots, de les peser.
Même si à la manière de Flaubert, l’ancienne prof s’applique
à oraliser son texte pour expérimenter le rythme, comme il convient souvent à
la poésie, le silence crie dans ses textes.
Silence et solitude se rencontrent sempiternellement dans
son œuvre. Dans cette livraison s’exposent quelques façons d’aimer qui ne
mettent pas en danger les individualités, quand s’inventent des moments lumineux aussi
accessibles que le rituel d’un café.
C’est mon truc en ce moment : je trouve les titres de
livres, de pièces ou de films trop généraux et celui-ci me parait la seule
expression qui ne soit pas juste dans ce volume.
J’aurai plutôt vu : « Caisse 4 » ;
« Gordana », du nom de la caissière ayant été pris lors d’une
publication précédente dont ce livre est le prolongement, et Jeanne la
narratrice le coeur battant. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/10/gordana-marie-helene-lafon.html
Parce qu’elle a aimé l’expression « après 50 ans le
corps dévisse », elle fait l’éloge de l’auteur Pierre Ubac : « Les mots de cet écrivain qui a douze
ans de moins que moi sont devenus les miens, sont entrés dans mon corps et sous
ma peau, se sont logés derrière mes dents ; je les ai avalés »
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