samedi 7 avril 2018

Nos vies. Marie Hélène Lafon.

Dès sa parution j’avais mis ce livre de côté et différais mon plaisir de retrouver mon auteure favorite parce que je redoutais aussi de la voir s’aventurer loin de ses terres de prédilections.
Je viens de le lire d’une traite; est ce que j’en garde un peu pour demain ? Non.
Est-ce que je prends mon carnet pour relever les mots qu’elle a choisi  pour en exprimer toute la saveur ? Pas le temps, je me souviendrai de « garçonnet », de « faire face », de « moyenagé » et « enroutiner », mais il aurait fallu recopier les 184 pages.
Une ancienne comptable invente une vie à une caissière de Franprix et si j’en ai tant apprécié l’écriture, je ne voudrais pas laisser croire qu’il s’agirait essentiellement d’un exercice littéraire. C’est peut être parce que je venais enfin de l’écouter à La librairie du Square où une jeunette appliquée l’interrogeait, que je relève surtout des caractéristiques propres à l’écriture, celle qui prend le temps de choisir les mots, de les peser.
Même si à la manière de Flaubert, l’ancienne prof s’applique à oraliser son texte pour expérimenter le rythme, comme il convient souvent à la poésie, le silence crie dans ses textes.
Silence et solitude se rencontrent sempiternellement dans son œuvre. Dans cette livraison s’exposent quelques façons d’aimer qui ne mettent pas en danger les individualités, quand s’inventent des moments lumineux aussi accessibles que le rituel d’un café.
C’est mon truc en ce moment : je trouve les titres de livres, de pièces ou de films trop généraux et celui-ci me parait la seule expression qui ne soit pas juste dans ce volume.
J’aurai plutôt vu : « Caisse 4 » ; « Gordana », du nom de la caissière ayant été pris lors d’une publication précédente dont ce livre est le prolongement, et Jeanne la narratrice le coeur  battant. http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/10/gordana-marie-helene-lafon.html
Parce qu’elle a aimé l’expression «  après 50 ans le corps dévisse », elle fait l’éloge de l’auteur Pierre Ubac : « Les mots de cet écrivain qui a douze ans de moins que moi sont devenus les miens, sont entrés dans mon corps et sous ma peau, se sont logés derrière mes dents ; je les ai avalés »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire