lundi 8 avril 2024

Averroès & Rosa Parks. Nicolas Philibert.

Documentaire de 2 H 20 dans un hôpital psychiatrique. 
La seule musique  « L’hymne à la joie » joué à la guitare par un patient est déchirante comme le fut « La bombe humaine » dans « Sur l'Adamant » qui débutait la trilogie de l’auteur toujours au plus haut depuis son « Etre et avoir ».
Le temps consacré à chaque entretien respecte ceux qui parlent et ceux qui écoutent, les champ/contre-champ tout simples évitent la rigidité et l'ennui. L’absence d’apprêt nous laisse disponibles pour apprécier tout ce qu’il y a à voir et à entendre.
Notre confiance va depuis longtemps à l’élève de René Alliot lorsqu’il se montre attentif  à ceux qu’il filme : «  Une fois le film fini, ils retournent à leur vie. Mais qu’est-ce qu’on laisse derrière soi ? Qu’est-ce que ça fait ? Comment ça travaille ? » 
Les soignants ne galvaudent pas le terme bienveillants, ils sont… patients, et les solutions pas évidentes entre confiance et protection, face à des souffrances terribles, semblant parfois irréductibles.
Est-ce que l’expression de ces malades est un reflet exacerbé de notre humanité qui pécherait par un romantisme esthétisant les douleurs ?
Quand « mytho » devient un terme utilisé dans les cours de récréation, cette banalisation des mots psy, fait-elle de nous des voyeurs courant les films de ce genre, sublimant nos petites failles narcissiques, si loin des calvaires vécus par les malades et leurs familles ?
L’architecture des unités de soin datant du XVII° parait austère vue du ciel, mais les arbres ont grandi depuis la construction et nous offrent des plans qui permettent de souffler entre deux cas où quelques sourires, 
« Je suis conscient d'être complètement mégalomane. 
Mais j'ai les moyens de ma mégalomanie »
ne peuvent atténuer le souvenir du malheur d’une femme littéralement cramée.

1 commentaire:

  1. C'est un sujet brulant pour moi depuis le moment où j'ai été témoin de mon frère américain prenant ses enfants en bas âge à part pour leur... montrer autour d'eux des personnes qui, selon lui, n'étaient pas "normales". Et j'ai moi-même éprouvé la douleur de m'adresser il y a longtemps à un jeune couple en ville à un arrêt de bus, et de voir dans leurs yeux la... peur ? terreur ? en pensant que j'étais cinglée. Sur le coup, ça m'a ébranlée, mais maintenant je suis.. aguerrie.
    Fut un temps où la formation d'un psy, dans tous les domaines psy était suffisamment... non-NORMALISANTE ou NORMATIVE que ces métiers pouvaient encore être... "nobles" à mes yeux. Mais nous avons succombé à la colonisation américaine des esprits dans ce domaine, et maintenant j'ai ravisé mon opinion.
    Il reste la question brulante de savoir comment se dépatouiller avec la souffrance des gens, même... sa propre souffrance, et ce qu'on en fait. Est-il... incontournable à l'heure actuelle de s'adresser à un expert "médical" pour soulager ? cette souffrance ? Est-ce que les canaux... officiels sont les mieux placés pour soulager la souffrance des personnes qui souffrent... ou qui souffrent aussi de la souffrance de leurs proches ? Les soins en s'adressant à l'hôpital public, ou en cabinet privé, que "choisit"- on, quand un choix est possible, et pour quelles raisons ?
    J'ai compris il y a très longtemps que les personnes du corps médical étaient les derniers à qui il fallait que je m'adresse pour des questions que j'aurais autour de ma sexualité, et si c'en était de même pour la souffrance psychique ? (Mais c'est vrai que je trouve que l'éducation sexuelle à l'école est, au mieux, contre productive, au pire... scabreuse, donc je ne suis peut-être pas une référence.)
    En tout cas.. Nicolas Philibert, OUI.

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