Une fois éprouvée l’intensité de l’interprétation de
« La bombe humaine » du groupe Téléphone en introduction, par un des
patients suivi par un centre de jour au centre de Paris, de cette heure
quarante au bord de l’eau, émane un calme d’autant plus impressionnant que sont
perceptibles les tempêtes.
« Je veux vous
parler de l'arme de demain
Enfantée du monde elle en sera la fin
Je veux vous parler de moi, de vous
Je vois à l'intérieur des images, des couleurs
Qui ne sont pas à moi, qui parfois me font peur
Sensations qui peuvent me rendre fou »
Le livret d’accompagnement distribué par le cinéma le Méliès
montre la modestie du réalisateur parti « voir
ailleurs qui je suis », s’appliquant à « énoncer » plutôt qu’à « dénoncer », se gardant de « fétichiser ce lieu atypique » de psychiatrie où se
prend le temps de l’écoute.
« Je suis chargé
d'électricité
Si par malheur au cœur de l'accélérateur
J'rencontre une particule qui m'mette de sale humeur
Oh, faudrait pas que j'me laisse aller
Faudrait pas que j'me laisse aller, non
La bombe humaine, tu
la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur juste à côte du cœur »
Sans remonter à des explications renvoyant à une situation
de voyeur, la caméra respecte les personnes qui s’expriment dans une
institution accueillante par la peinture, la musique, la poésie, une
implication dans un projet collectif en évolution permanente.
Une séquence où
les patients se prennent réciproquement en photo avec et sans masque révèle les
regards.
« Adamant »
signifie diamant.
Nicolas Philibert, c'est bien l'auteur de l'admirable documentaire sur l'école qui m'a tant plus il y a quelques années. Je ne me souviens pas si j'ai vu d'autres choses de lui. Son oeuvre est dans la lignée de Frederick Wiseman, que je respecte et admire beaucoup aussi.
RépondreSupprimerJe lis ton billet au moment où j'ai... décidé que la psychiatrie a fait très fausse route. Pas forcément les gens qui travaillent dans cette structure, comme à la Borde, ou... ce qui reste de la Borde, maintenant... mais la place de la psychiatrie dans notre société me semble néfaste, et... aliénant (même si étiqueter les gens de "maladie mentale" et leur fourguer des neuroleptiques, ou les isoler dans des chambres d'isolement est peut-être ? préférable à "l'asile" où on déposait les... non voulus, les empêcheurs de bourgeoiser bien comme il faut dans le "bon vieux temps". Des gens dont on avait honte, car ils faisaient tâche, comme... Camille Claudel, par exemple. Mais.. soyons justes, car il y a, et il y aura toujours des gens insupportables qui rendent la vie un enfer.).
Maintenant je ne vois plus sur quel pied la société moderne peut se tenir et rester debout avec les étiquettes. Je ne vois pas ce qui SERAIT "normal" dans notre société. Je ne vois pas de "norme" dans nos vies de pauvres créatures. Certes, je vois "la norme" projetée dans le vaste édifice des médias, mais pas dans nos vies.
Avoir un boulot, des enfants, une maison/un appartement à soi ? Un vélo... électrique ? C'est ça... la normalité ?
Sans commentaire.
Alors, de... grâce, s'il n'y a pas de normalité, levons un peu le pied avec les étiquettes.
Je vois autour de moi trop de personnes qui perdent le respect de soi, la dignité élémentaire à partir du moment où elles ont reçu une étiquette.
Ici le monde est subtil, car quiconque aura regardé et vécu un peu sait avec quel empressement l'Homme cherche... de très bonnes (ou mauvaises, selon la perspective) raisons pour se sentir.. pas responsable ? pas coupable ? pas concerné ? par la direction qu'Il a prise dans son existence.
Ça... c'est humain.
Mais je refuse d'accorder ma foi à cette vaste entreprise d'étiquetage maintenant. (Et j'ai quelques compétences en la matière, donc ce n'est pas une simple "opinion" du quidam...)
On se trouve devant le problème du pompier pyromane à grande échelle : la pression sociale s'exerce pour séparer les brebis des chèvres, maintenant pour pouvoir... soigner les chèvres, pas les abattre, comme par le passé. Quiconque se trouve rangé du côté des chèvres, (ou qui SE RANGE du côté des chèvres...) est en mauvaise posture, aux yeux de la société, mais à ses propres yeux aussi. Fatal.
On verra bien....
Oui : "être et avoir" magnifique. Il a filmé aussi à la Clinique de La Borde.
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